Fin d'année sous les tropiques
Noël et Jour de l’An sont des temps forts de la culture outre-mer. Des Caraïbes à l’océan Indien, les traditions embellissent cette période et réenchantent le séjour tropical. Même si les rassemblements sont limités pour cause de Covid-19, cuisine, musique et convivialité restent formellement au rendez-vous !
Antilles françaises
Aller aux Antilles à Noël pour goûter à la richesse caraïbe est une très bonne idée. Même sans neige, le Père Noël fait des miracles et transforme une destination par nature festive en paradis culinaire et de traditions.
Dès la fin novembre, villes et villages de Guadeloupe et de Martinique se couvrent ainsi de décorations. Guirlandes aux balcons, dans les rues, sur les bâtiments publics… l’émulation existe et s’exprime à travers des concours d’illuminations. Honneur à celui ou celle qui aura le mieux décoré son extérieur. Ici et là, les marchés de Noël ont aussi pignon sur rue. Pas de vin chaud sous ces latitudes, mais du rhum, ça oui !
La cuisine à Noël se pare d’habits de lumière dont il serait dommage de se priver. Côté boissons, c’est la fête. Le chocolat chaud est servi lors des réunions de famille, surtout en Martinique où on l’appelle « chocolat communion ». Onctueux, parfumé, il est préparé avec un bâton de cacao râpé et parfois agrémenté de beurre de cacahuètes ou d’amandes.
Le rhum est définitivement de la partie. Ti punchs, punch coco, punch cacahuète… à chacun son "décollage". Mais la vraie boisson de Noël, c’est le schrubb. Une liqueur à base de rhum et d’écorces d’oranges et de citron élaborée dès le mois de novembre. La préparation débute par le lent séchage des écorces au soleil. Celles-ci macèrent ensuite dans les rhums, le temps qu’elles développent des arômes jusqu’aux premiers verres… servis à Noël.
Passons à table. Toujours présent au menu, l’incontournable boudin créole, épicé et parfumé, est généralement accompagné de pâtés salés. Un de ses secrets ? Les aromates, oignon pays, persil et surtout feuilles de bois d’Inde et piment fort. Mais chaque famille antillaise a sa recette…
Les accras sont aussi au rendez-vous de Noël. Ces beignets salés accompagnent les apéritifs ou les entrées. Le plus souvent à la morue, on en trouve aussi aux légumes ou préparés avec d’autres poissons ou crustacés. Les lambis sont devenus un mets rare. Parce que la pêche de ce mollusque a été surexploitée, elle est interdite cet hiver en Guadeloupe. Grillé, en fricassé ou en boudin, accompagné d’haricots rouges, ce coquillage est très apprécié sinon pour les fêtes.
Typiquement de saison est le jambon de Noël caramélisé. Avec ses belles tranches d’ananas et son goût sucré-salé, c’est un vrai moment de bonheur. Il doit être assaisonné selon les règles de l’art : cinq baies, quatre épices, du sucre de canne et… un filet de vieux rhum pour aider à la caramélisation. Enfourné une vingtaine de minutes, il est servi avec des pois d’angole et de l’igname de Noël.
Quant aux desserts, ils allègent le repas. Aux Antilles, on déguste le sorbet coco. Crémeux à souhait, c’est un délice de fraîcheur, agrémenté d’un zeste de citron et une touche d’amande amère. Autre recette : le sik a coco (dit « tablette coco » en Martinique). Une confiserie créole à base de coco râpé cuite avec du sucre de canne et aromatisée avec du citron vert, de la vanille, du muscade et du gingembre râpé. Un goût caramélisé extra…
Et maintenant, il faut Chanté Nwel ! Tradition antillaise, elle consiste à entonner les cantiques de Noël en tapant dans les mains, au son du tambour, de l’accordéon, du cha-cha et du ti-bois, voire de la guitare. Dès le mois de novembre, les antillais se retrouvent en famille ou dans les salles des fêtes pour chanter en créole ou en français. Les hôtels et les offices de tourisme sont les mieux placés pour renseigner sur les lieux où ils se déroulent. Sinon, direction la messe de minuit, le 24 décembre. Vous pourrez vous joindre au chœur.
République dominicaine
Terre catholique et de festivités, il eut été étonnant que l’une et l’autre ne se retrouvent pas lors des fêtes de fin d’année. En "Rep Dom", Noël est précoce et débute… en octobre ! Dès la fin de ce mois, les rues et les maisons commencent à être décorées d’ampoules de couleur, de sapins surmontés de la flor de Pascua (symbolisant l’étoile de la naissance du Christ) et de scènes de la Nativité. Le Père Noël fait son apparition, de même que les charamicos (des « décos » élaborées avec du bois sec).
Quand Noël approche, la "Rep Dom" voit arriver ses ressortissants résidents de l’étranger, notamment les « Américains ». Beaucoup rentrent au pays rejoindre leur famille. Un signe ne trompe pas : le passage sur les radios et télés locales de "Volvió Juanita". Cette chanson évoque le retour d’une dominicaine vivant aux Etats-Unis et « signe » le véritable début de la période de Noël.
Démarre alors décembre et les étrennes. Des groupes de personnes passent le matin dans les quartiers et incitent les gens, en musique, à effectuer des dons. Ils se retrouvent le soir pour partager thé ou chocolat. Les rues s’illuminent de plus belle et des orchestres s’improvisent pour interpréter dans la rue le répertoire musical local, merengue, bachata… Un semaine avant Noël, c’est la tradition de "Los Angelitos". Dans les écoles et les lieux de travail, on s’échange des cadeaux de façon anonyme.
Le repas du 24 décembre est haut en couleurs. Au menu : porcelet ou sancocho (plusieurs sortes de viandes) cuits au four, moro de guandules (plat de riz) cuisiné avec des pois d’angole, empanadas à base de farine de manioc, pastelitos garnis de viande ou de légumes, dulces (confiseries), fruits… le tout arrosé de rhum et de mojitos.
Après l’adieu à l’année le 31 et l’happy new year du 1er janvier, une autre tradition existe (bien que tombant en désuétude), le 6 janvier : ce jour des Rois Mages, les enfants cachent des présents sous leur lit, convaincus que les rois vont leur apporter de nouveaux cadeaux…
Réunion
Avant de parler de Noël, évoquons… le 20 décembre. Cinq jours avant la Nativité, l’île célèbre la "Fèt Kaf", commémoration de l’abolition de l’esclavage, survenue le 20 décembre 1848. Partout dans l’île, à Saint-Denis, Saint-Pierre, Saint-Joseph… on fête en musique l’événement avec concerts de rue, chants et danses traditionnels, expositions, ateliers, défilés de chars… Un grand moment de célébration et d’histoire.
Lorsque les flamboyants éclatent de couleurs, c’est que Noël n’est pas loin. En plein été austral (période idéale pour profiter de l’île), cet arbre d’un rouge intense habille superbement le bord des routes, la côte et les jardins en ville. La fête peut commencer ! Elle conduit vers les marchés artisanaux de Noël, ouverts dès novembre. Celui de l’Eperon, dans les hauts de Saint-Paul, est le plus réputé. Près de 200 exposants proposent leurs créations artisanales inédites : jouets, objets de décoration, accessoires, bijoux…
A la radio, à la télé, dans les sonos en ville, on peut entendre la musique de Noël. La chanson "Noël à la Réunion", de Jacqueline Farreyrol, est le classique des classiques. Dans les maisons créoles, les familles préparent le filaos de Noël, décoré d’ampoules, d’étoiles et de guirlandes. Ce sapin "péi" est vendu sur le bord des routes.
Le repas du réveillon de Noël fait honneur aux produits de saison : les litchis, les mangues, les fruits de la passion et les ananas Victoria sont à l’honneur. Quant au reste du repas, débuté à coups de rhums (arrangé ou non), de samoussas et de bouchons, il se poursuit avec une salade de cœur de palmier et un cari langouste préparé avec du riz, des lentilles et des haricots blancs. Et on remet ça pour le déjeuner du 25, après avoir assisté à la messe de minuit !
Le 31 décembre, les Réunionnais dégustent le pâté créole, salé (avec de la viande de porc ou de poulet) et sucré (avec de la confiture). La tradition veut que les gens se retrouvent le 31 décembre sur la plage de l’Ermitage, à Saint-Paul. A minuit, des feux d’artifice embrasent le site. S’ensuivent des soirées musicales et folkloriques, sur fond de Séga et de Maloya…
Dernière mise à jour : 24/12/2020
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