Ça Mousse sous les Tropiques !

C’est une constante dans les îles. Autant que le rhum, la bière* est la boisson la plus communément partagée, source de rafraichissement et de convivialité. Chacune possède ainsi sa marque favorite, attachée à la destination depuis parfois si longtemps qu’elle l’incarne mieux que tout autre produit. Tour d’horizon des bières les plus populaires des tropiques, comme un avant-goût de voyage gustatif…

*A consommer avec modération

Antilles françaises

Guadeloupe

A chaque île sa bière ! En Guadeloupe, difficile d’échapper à La Corsaire, une blonde fraîche et légère relevée par des notes aromatiques d’agrumes. Longtemps brassée sur l’île, sa fabrication fut déportée à Trinidad dans les années 1990. Nous ne sommes pas certains que la fabrication soit stoppée sur cette île voisine mais toujours est-il qu’elle est aussi produite par la Brasserie Le Corsaire, installée à Baie-Mahault. On la trouve partout sur l’île.

Avec une tête et des pattes de gecko imprimées sur l’étiquette et la capsule, La Lézarde s’est fait une place au soleil de la Guadeloupe, sous le label « bière artisanale ». Installée à Petit-Bourg (Basse Terre), sur les bords de la rivière… Lézarde, la brasserie a été fondée en 2015 par deux passionnés, Olivier et Gilles. Elle produit une gamme de bières blondes, brunes, blanches, ambrées et aromatisées. Le lieu accueille un bar, joliment caché au milieu de la végétation tropicale. On peut aussi y déguster quelques spécialités. Voilà une belle halte à effectuer en rentrant par exemple d’une excursion à La Soufrière. On trouve aussi les bières de La Lézarde dans les commerces locaux.

Gwada Beer et Lékouz sont deux autres marques de bières artisanales, plus créoles. La première, créée en 2003 « par des Guadeloupéens pour les Guadeloupéens » met l’accent sur le développement durable dans son processus de fabrication. Le sucre de canne provient de Marie-Galante, l’eau des rivières locales. La brasserie dispose d’un système de chauffage solaire et les déchets sont valorisés comme engrais pour les sols agricoles et pour nourrir le bétail guadeloupéen. Gwada Beer pratique la technique du slow brewing, imposant des temps de garde plus longs. Avec son amertume légère et sa robe dorée, la Gwada s’ancre totalement dans la culture locale.

Lékouz est plus qu’une bière, c’est un état d’esprit. Mot d’ordre : bien-être et convivialité. Née en 2018 dans la commune de Goyave, à Basse-Terre, Lékouz utilise l’eau des torrents guadeloupéens ainsi que des plantes aromatiques, épices et fruits locaux (même si le houblon et le malt viennent d’Europe, comme pour les autres brasseurs). Il en résulte des bières aux goûts créoles singuliers, à déguster sur place dans un espace de 300 m², façon atelier d’artistes très « culture urbaine », avec food truck différent tous les soirs pour ne pas mourir de faim !

Martinique

Vous n’aurez pas l’Alsace mais… La Lorraine ! Comme le dit l’accroche de la marque, « La Brasserie Lorraine accompagne les martiniquais depuis 1922 et ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer ! ». Consommée partout, la Lorraine est peu l’équivalent de la « Kro » ou de la 1664 en France, avec des saveurs toutefois plus fruitées. Son nom découle du fondateur de cette brasserie, située au Lamantin, René de Jaham. Formé dans une école de brasserie à Nancy, il ne trouva rien de mieux que de donner le nom de la région à sa bière… et d’imposer la Croix de Lorraine aux Caraïbes sur les étiquettes de ses bouteilles !

La brasserie produit de nos jours les bières Heineken et Desperados pour la Martinique mais il faut surtout goûter à ses deux bières historiques : la « Lorraine », donc, une recette à fermentation basse de type Pilsner, avec des notes rafraîchissantes ; et la « Malta », boisson maltée sucrée, non alcoolisée car non fermentée, réputée énergétique.

Aux côtés des marques internationales et de la Lorraine, deux autres bières se font une place plus ou moins grande sur le marché : BAM et Le Deck. Comme en Guadeloupe, toutes deux participent de cette mode des bières artisanales qui s’est répandue dans l’Hexagone et Outre-Mer ces dernières années.

BAM, c’est l’aventure… non pas de Lorrains mais de Champenois, résidant en Martinique. Des Ardennais, pour être précis : deux frères, Frédéric et Aymeric Masson, installés de longue date sur l’île. En raison de leur région d’origine, située à deux pas de la Belgique, il est clair que l’envie de bières pouvait les titiller ! C’est ainsi qu’ils se sont lancés en 2018, en créant BAM, Brasserie Artisanale Martiniquaise. 

Formation à Nancy, visites techniques à des brasseurs ardennais, appui des banques… la mayonnaise a pris et la brasserie, près de Sainte-Luce, produit désormais plus de 410 000 bouteilles par an. Avec trois types de malts et deux de houblon, elle affiche des goûts de fruits exotiques et a même remporté une médaille au salon de l’Agriculture. Sa « blanche » est ainsi parfumée à la citronnelle martiniquaise. A déguster dans les hôtels, restaurants, bars ou à acheter dans les grandes surfaces.

Le Deck relate une autre expérience. Ce restaurant « branché » de Schoelcher, dans le complexe cinématographique Madiana, dispose d’une micro brasserie artisanale, visible par les clients. Cela semble être le seul restaurant dans ce cas sur l’île. En plus d’une cuisine créole bien tournée, on peut donc déguster en terrasse ou dans l’espace lounge l’une des quatre variétés de bières artisanales, additionnées de manioc – c’est l’originalité ! – et produites dans les cuves en cuivre.

Mexique Riviera Maya

Corona, caramba ! Mais pas seulement… A tous les amateurs de bières, rappelons que le Mexique recense a minima une vingtaine de grandes marques différentes. Et on ne compte pas la myriade de brasseries artisanales. L’embarras du choix, donc, dans ce pays champion du monde de la bière ! Alors oui, bien sûr, il y a la Corona, que l’on ne présente plus ici si ce n’est pour dire que cette lager est produite dans plusieurs brasseries au Mexique détenues par le groupe Modelo, lui-même aux mains d’un consortium belgo-brésilien, AB-InBev, plus grande entreprise brassicole au monde. Voilà pour le pedigree.

Au-delà de cette « marque monde », le Mexique produit quantité d’autres bières, à tester dans les bars d’hôtels du Yucatan. Parmi les marques connues, citons la Dos Equis (élaborée à Monterrey), la Sol (brassée depuis 1899 également à Monterrey), la Pacífico (Etat de Sinaloa), la Tijuana, la Carta Blanca ou la Tempus, cette dernière étant parfois considérée comme la meilleure bière artisanale du pays – les avis sont toujours subjectifs !

Le Yucatan, région dans laquelle se trouvent la Riviera Maya et ses multiples hôtels balnéaires, possède aussi ses brasseries artisanales dont certaines se sont taillées une belle réputation : Pescadores, brassée à Tulum, près du célèbre temple ; Isla, petite production sur l’île de las Mujeres ; Cerveza Patito, près de Mérida, à la gamme très complète (Pale Ale, Blonde Ale, Lager, Pilsner, Dry Stout…)… Nul doute que vous en trouverez d’autres puisque le Mexique est le paradis tropical de la bière !

République Dominicaine

Et la « Rep Dom », alors ? Le rhum y est excellent, les cigares aussi et la bière… également. Même si des brasseries artisanales ont vu le jour, il semble qu’une sorte de monopole perdure encore, tenu dans les mains de la Cerveceria Nacional Dominicana (CND). Cette brasserie quasi nationale produit l’ultra populaire Presidente, servie absolument partout depuis les années 1950.

Bière blonde-dorée plutôt douce de type lager, titrant 5% d’alcool, elle est totalement rafraîchissante après une journée passée sous le soleil tropical. Symbole presque culturel du pays, on la sert souvent glacée, c’est-à-dire avec une légère couche de glace sur la bouteille. Au point qu’on ne commande pas « una cerveza » mais « una fria » ! La même entreprise CND produit également la Bohemia et la Brahma. A commander sans délai au bar, au restaurant ou à acheter dans un colmado (une épicerie), en la buvant à la bouteille sur le pas de porte du magasin, comme les Dominicains !

 

Réunion

Qui n’a jamais goûté une Dodo ne peut prétendre vraiment connaître la Réunion ! Symbole de rafraîchissement après une randonnée ou une après-midi à la plage, la célèbre bouteille verte, jaune et rouge illustrée du mythique oiseau disparu de l’Océan Indien, est le compagnon incontesté des convivialités réunionnaises. Très ancrée dans la culture péi, la Dodo est une bière blonde, délicate et fraîche, avec une belle mousse blanche. Elle livre des saveurs de céréales, de malt et de fines notes de houblon.

Mais la Dodo ne s’appelle pas en réalité… Dodo ! Ou plutôt, elle s’appelait Dodo, avant qu’en 1970 elle ne change de patronyme pour être nommée Bière Bourbon. Trop tard, l’habitude était prise ! L’étiquette représentant le volatil, toujours présent sur les bouteilles, l’a à jamais baptisée ainsi. « La Dodo lé la », comme dit le slogan.

Cette bière a été imaginée en 1962 par les Brasseries de Bourbon, à Saint-Denis. Un an plus tard, la première Dodo sort des fûts, mise sur le marché dans une bouteille de 75 cl au nom de Dodo-Pils. Son succès ne s’est depuis jamais démenti. Récompensée par des médailles d’or dans différents concours brassicoles (en 1978 à Genève, 1984 à Madrid, 1991 à Barcelone, 2007 à Bruxelles), la Dodo fêtera ses 60 ans en 2022. Nul doute que de nombreux événements seront proposés à cette occasion.

Tellement installée dans le paysage, elle possède même son musée, la Maison de la Bière Dodo, sur le site de production de Saint-Denis. A noter qu’il existe aussi une version sans alcool. A côté de cette hégémonie, difficile d’exister pour d’autres marques. Pourtant, la Réunion produit aussi Les Dalons, une bière artisanale dont l’étiquette est ornée du phare de Sainte-Suzanne. On la trouve en blonde, blanche ou en version Indian Pale Ale. La bière Fischer, introduite d’Alsace dans les années 1990 et brassée à Saint-Louis, est aussi présente. Parmi d’autres bières artisanales, citons les Bières au Logis (brasserie à Saint-Denis) et Picaro (brassée vers Saint-Pierre).

Ile Maurice

Un pays, une bière « nationale » et elle s’appelle la Phoenix ! Avec 36 millions de litres consommés au milieu des années 2010, l’île Maurice n’atteint pas les statistiques de la Belgique ou de l’Allemagne mais reste un marché brassicole conséquent. Fabriquée depuis 1963 – comme la Dodo à la Réunion -, la Phoenix est produite par le groupe Phoenix Beverages, qui commercialise aussi les bières Blue Marlin et Kings.

Située près de la ville de Curepipe, au centre de l’île, la brasserie est ouverte aux visiteurs. On y découvre toutes les étapes de la fabrication, depuis l’arrivée des matières premières (l’orge malté vient d’Europe et d’Australie) jusqu’au conditionnement, en passant par la réduction du malt en farine, la filtration du moût, la fermentation, la maturation…

Véritable emblème national, la Phoenix est alcoolisée à 5% et se décline surtout en blonde. Sous le slogan « Nou pays, Nou Labière » (« Notre pays, notre bière »), on l’a consomme à toute heure de la journée (avec modération, bien sûr), en bouteille ou en canette. Comme la Dodo à La Réunion, son quasi monopole est difficile à battre en brèche. Il n’empêche. Quelques autres marques se sont fait aussi une – petite – place au soleil.

C’est le cas de la bière Blue Marlin, introduite par Phoenix Beverages en 1989. Elle est un peu plus titrée en alcool (6%). Il existe aussi la Gister, une bière premium parfumée, lancée en 2016. On trouve également la Flying Dodo (clin d’œil à l’île voisine !). Mais si l’on veut s’intégrer à Maurice et faire comme les locaux, il faut d’abord boire une Phoenix !

Seychelles

Encore une destination bière. Arrivé à Mahé et installé à la table d’un restaurant, commandez une Seybrew et vous ferez sur le champ couleur locale ! Boisson n°1 aux Seychelles (encore plus que le rhum), la bière est présente partout, au restaurant mais aussi au marché, à l’hôtel… La Seybrew est une bière de soif dont le goût rappelle, pour certains, celui de la Kronenbourg. Mais contrairement à la Réunion ou à l’île Maurice, destinations où une marque domine toutes les autres, la Seybrew est ici challengée par l’Eku. Remarquez, ça ne met pas une grosse pression sur les brasseries qui les produisent : c’est la même !

Comme souvent dans les îles, la bière est affaire de quasi monopole. Ici, Seybrew et Eku sont fabriquées par la Seychelles Breweries Limited, à Victoria, la capitale. Environ 7 millions de litres seraient mis sur le marché chaque année par cette entreprise. Et les bénéfices sont importants. L’histoire raconte que cette société a fait don de près de 100 000 US$ à l’Etat pour la protection de l’île Aride, un territoire situé au nord de Praslin où l’on trouve sternes, tortues, lézards, frégates et surtout les très rares gardénias de Wright, une plante qu’on ne rencontre que sur cette île. Si la bière sert à défendre l’environnement seychellois, alors on ne rechignera pas à commander une fraîche Seybrew ou Eku !

Polynésie Française

Connaissez-vous la fleur de pandanus ? Si oui, vous connaissez la bière culte de la Polynésie française. Hinano, c’est son nom, est aussi celui de cette fleur odorante que les locaux nomment également fara. Impossible de louper cette bière ultra populaire, elle est présente partout. Sur les panneaux publicitaires à Tahiti ou dans les magazines… sa célèbre étiquette de vahiné assise jambes croisées accompagne tous les amateurs de bières, des Iles sous le Vent au Tuamotu, des Australes aux Marquises.

Créée en 1955 avec déjà son inimitable logo, la Hinano est une blonde façon Pils, à la rondeur maltée, avec une légère amertume en finale – dixit les spécialistes. Titrant 5% d’alcool, elle est fabriquée à Tahiti, dans la vallée de la Punaruu. La Brasserie de Tahiti, la seule, industrielle, du territoire, est l’une des plus modernes du Pacifique sud. Bière de fête et d’amitié, la Hinano est associée à quantité d’événements incontournables.

Partenaire de rencontres sportives (surf, windsurf, courses de pirogues…), elle a accompagné dès 1955 l’élection de Miss Hunano et parrainée pour la première fois, en 1990, l’élection de Miss Tahiti (c’était Mareva Georges, qui deviendra Miss France l’année d’après). La marque sera partenaire de ce concours jusqu’en 2006. 

Sa visibilité ne s’arrête pas là. Sur les podiums internationaux – de bière, cette fois ! -, elle a été plusieurs fois titrée, comme en 1990 au Luxembourg et en 1993 à Bruxelles (médaille d’or deux fois). Depuis les années 2010, la blonde a fait des petits. En 2012, la Brasserie de Tahiti lance la Hinano ambrée, en pression et en bouteille. En 2019, c’est au tour de la blanche, réputée pour ses notes fines de coriandre et d’agrumes. Il existe aussi une Gold, à 6% de volume d’alcool. Bref, la « vahiné assise » a de quoi largement satisfaire tous les goûts, que ce soit à la plage, au restaurant, en soirée ou en discothèque.

Dans ce paysage façon « parti unique », d’autres bières tentent de tirer leur épingle du jeu. La Brasserie de Tahiti, encore elle, produit une marque plus artisanale, la Manavai, et d’autres aromatisées, sous le nom de Manuia. Plus récemment, deux micros brasseries ont lancé leur activité en Polynésie : Matavai et Te Hoa. Matavai, installée à Arue, sur l’île de Tahiti, est l’aventure de trois amis passionnés de bière. Des bières typées, parfumées, avec des fruits et des épices locaux.

Te Hoa, brasserie locale indépendante basée à Fare Ute (un quartier de Papeete), est aussi l’œuvre d’un jeune entrepreneur local. Formé en métropole et en Australie, il anime aussi un open space près du port de pêche de la capitale où se tiennent concerts, expositions, pièces de théâtre… Un lieu festif pour des bières qui ne le sont pas moins

 

Dernière mise à jour : 04/02/2022

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