Séance birdwatching sous les tropiques

Destination écotouristique, l’île offre aux amoureux d’ornithologie des chances uniques d’observer des oiseaux exotiques et rares. Grâce à sa biodiversité et à sa richesse en milieux forestiers et marins, ils ont trouvé ici un royaume. Découverte des espèces locales et des hots-spots où l’on peut les contempler.

L’activité de birdwatching vient des anglo-saxons et Dieu sait si les Britanniques sont depuis longtemps des fans d’ornithologie. Certains sont prêts à aller au bout du monde pour le plaisir de cocher sur leur carnet l’espèce d’oiseau qui manquait à leur palmarès… On en a même vus qui prétendaient en savoir plus que leur guide ornithologique – à vous écœurer de faire ce métier…

Les Français sont moins excessifs. Mais le birdwatching émerge toutefois depuis une dizaine d’années dans l’Hexagone et les territoires ultra-marins. L’Agence Française d’Ingénierie Touristique notait ainsi que 11% des Français de plus de 15 ans se disaient acheteurs potentiels d’un séjour thématisé faune-nature. Et parmi eux, près de la moitié – soit 2,3 millions de personnes – étaient intéressée par un voyage dont le but était l’observation des oiseaux. Un potentiel de clients face auquel la Réunion a une carte maîtresse à jouer.

Un, c’est une île tropicale, par définition riche de biodiversité et d’avifaune. Deux, c’est un territoire d’une grande variété, avec des côtes de sable blond ou noir, une barrière de corail, des forêts d’altitude, des reliefs volcaniques, de la haute montagne… et même une zone humide. A Saint-Denis, la visite du Museum d’Histoire Naturelle constitue une parfaire introduction à la découverte de la diversité des oiseaux locaux.

Et justement, que peut-on voir à la Réunion ? Près du littoral, il est possible d’observer, au dessus des plages du sud et de Grande Anse, le paille-en-queue, l’oiseau emblématique de l’île. Une espèce protégée. Avec sa couleur blanche liserée de noir et son « brin » de queue flottant à l’arrière, cet oiseau marin offre son vol harmonieux aux birdwatchers. Il niche dans les falaises. On peut l’épier sur la route littorale entre Saint-Denis et la Possession. A l’intérieur de l’île, il survole parfois les ravines.

Plus haut dans les cirques, entre 500 et 1 500 m d’altitude, c’est le royaume du papangue. Le seul rapace endémique de la Réunion. Son envergure peut atteindre un mètre. Quand il chasse de petits animaux (oiseaux, lézards, musaraignes…), il vole à une très faible hauteur au dessus de la végétation. Protégé depuis 1989, on compte environ 200 couples sur l’île. Il fait aussi partie des espèces menacées à la Réunion.

Parmi les autres oiseaux endémiques, il faut compter avec le tuit-tuit, un passereau, le tec-tec, le cardinal, le bec rose… Le tuit-tuit, espèce également menacée, ne craint pas l’homme : il accompagne souvent le randonneur sur les itinéraires forestiers de la Plaine des Chicots ou de la Plaine d’Affouches, sur les hauteurs de Saint-Denis.

L’étang du Gol, à Saint-Louis (côte sud-ouest) est aussi une zone d’observation des limicoles et des oiseaux d’eau. Au menu : hérons striés, tisserins gendarmes, astrilds ondulés, capucins damiers, foudis de Madagascar, bulbuls orphées, veuves dominicaines… Les limicoles migrateurs sont visibles entre août et janvier. De septembre à mars, en fin de journée après une journée de pêche en mer, l’embouchure de l’étang et un lieu de rassemblement des pétrels de Barau. Ils regagnent ensuite leurs pénates dans les sommets de l’île.

Les oiseaux marins (zoiso la mer) sont particulièrement visibles à Petite Île et sur la côte sud. Le rocher de Petite Île héberge ainsi la plus grande colonie de reproduction de noddis bruns.

Pour approcher les oiseaux forestiers, direction la Réserve de la Roche-Ecrite, dans les hauts de Saint-Denis. Après 45 mn de voiture jusqu’à Mamode Camp, après le village du Brûlé, puis une demi-heure de marche, doté d’une bonne paire de jumelles (outil indispensable de birdwatching !), on peut avoir la chance d’observer le bulbul de la Réunion, le tarier, le terpsiphone de Bourbon, l’oiseau lunettes-blanc, la papangue…

Dans les hauts de Saint-Benoît, le Grand Etang est aussi un site intéressant pour observer ces mêmes espèces.
Vous l’avez compris, le jardin tropical de la Réunion offre mille possibilités de se connecter avec la gent ailée de l’île !