Le café, opium savoureux du peuple

95% des Français en consommeraient. Energisant, aromatique, culturel… le café est le compagnon de nos réveils, de nos pauses matinales et la touche finale de nos déjeuners. Alors quand on va sous les tropiques, là où il pousse, on s’intéresse fatalement à son histoire !

A la Réunion, le roi Bourbon pointu

Attention, café d’exception ! Cultivé par une centaine de producteurs installés en altitude dans la partie ouest et sud de l’île, cette variété séduit jusqu’aux plus grands chefs de cuisine. La raison en est simple : ses saveurs sont explosives. Peu chargé en caféine, le Café Bourbon se rattrape par ses notes aromatiques exceptionnelles d’épices, de roses, d’ananas, d’oranges, de litchis… Le célèbre pâtissier français Pierre Hermé en vante les mérites, tout comme les stars de la cuisine Thierry Marx et Anne-Sophie Pic.

Introduite à la Réunion en provenance du Yémen au début du 18ème s., la variété Arabica mutera naturellement pour devenir plus tard un plant avec des feuilles arrondies et des grains… pointus – d’où son nom. Apprécié par Louis XV et Honoré de Balzac, sa production périclitera avant d’être relancée ces dernières décennies et de se poser comme l’un des meilleurs crus du monde... et parmi les plus chers – jusqu’à 700 € le kg et 25 € la tasse ! Les touristes peuvent découvrir les plantations (et la récolte, de juillet à janvier-février) en empruntant la Route des caféiers et en visitant des exploitations comme le Domaine des Caféiers (bio, à Saint-Paul) ou la coopérative Bourbon Pointu (au Tampon).


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A l’Île Maurice, le sanctuaire de Chamarel

Au sud-ouest de l’île Maurice, Chamarel est bien connu des touristes pour abriter l’une des plus belles cascades de la destination (100 m de haut) et les fameuses Terres des Sept Couleurs, une rareté géologique avec des sols nus teintés de rose, d’orange, d’ocre et de mauve. Le village est aussi, avec son voisin Case Noyale, le (quasi) unique lieu de production du café sur l’île. Entre Grande Rivière-Noire et Le Morne, en retrait de la côte, ce bourg montagneux préserve depuis les années 1960 une plantation d’une dizaine d’hectares ainsi qu’une unité de torréfaction. 

Sur ces terres volcaniques pluvieuses, les arbustes de la variété arabica prospèrent autour de 300 m d’altitude, protégés du vent et du soleil par des rangées de palmiers. Les « cerises » sont ramassées à la main de mai à septembre. Elles sont ensuite dépulpées, séchées et torréfiées selon un processus artisanal. En grains ou moulu, sous les saveurs « Grand Matin », « Classic », « Premium » ou « Grand Cru », on peut notamment acheter le café de Chamarel à la boutique de souvenirs du site des Terres des Sept Couleurs.

En République Dominicaine, hautes terres caféières

Relief montagneux, chaleur, pluie et soleil… les conditions sont réunies pour faire de la « Rep Dom » une terre de café. Quatre régions concentrent l’essentiel de la production : les cordillères Centrale et Septentrionale et surtout le massif de Baoruco et la sierra de Neiba. Certes, ces terroirs sont un peu éloignés des côtes et de Punta Cana mais le café local se déguste en tous lieux. La variété dominante est l’arabica, cultivé entre 600 et 1 000 m par des petits producteurs parfois regroupés en coopératives. 

De doux à moyennement puissant, avec un poil d’acidité et des arômes suaves de caramel, de chocolat ou de noisettes, c’est un café équilibré. Il existe évidemment une grande variété de nuances, selon le lieu précis où il est cultivé, le sol, l’altitude, l’exposition… En « Rep Dom », tout le monde en boit et le « cafecito », noir ou con leche, consommé à toute heure de la journée, est un rituel auquel peu dérogent. C’est aussi une excellente façon de côtoyer la population : il n’est pas rare de s’en voir offrir un par une famille, lorsqu’on s’attarde un peu dans un village.

En Guadeloupe, la saveur de Basse-Terre

Introduit en Martinique dans les années 1720, la culture du café s’est ensuite répandue aux Antilles et donc en Guadeloupe. Avec un centre névralgique : Basse-Terre et le territoire autour de la commune de Vieux-Habitants. Tombée en désuétude face à l’hégémonie de la canne à sucre, la culture du café a été relancée depuis quelques années et retrouve de la vigueur dans le même secteur. La production actuelle concerne une trentaine de caféiculteurs pour une surface estimée à 70 hectares et une vingtaine de tonnes de café.

Vanibel, à Vieux-Habitants, est la plus grosse exploitation de Guadeloupe. Son café « Premium » rivalise avec les plus grands crus des Caraïbes, dont le célèbre arabica Blue Mountain de Jamaïque. Comme d’autres, elle adhère à un syndicat (le SAPCAV) dont l’objectif est de viser 60 hectares de plantations d’ici 2025. Pour le touriste en vadrouille à Basse-Terre, approcher de près la culture du café consiste à aller visiter le Domaine de Vanibel et le musée du Café Chaulet, également à Vieux-Habitants.

En Martinique, le café en mode revival

Comme évoqué dans un précédent article de ce blog, la Martinique s’est mise en tête depuis 2015 de relancer sa production de café. En partenariat avec le Parc naturel régional, une poignée d’exploitants agricoles s’est lancée dans la culture caféière Premium, sur les versants humides du nord de l’île, à Fonds-Saint-Denis et à Morne Rouge, au pied de la Montagne Pelée. Rien de plus logique, finalement, puisque c’est en Martinique qu’a été introduit pour la première fois la plante aux Caraïbes, au début du 18ème s.  

Après avoir retrouvé des plants anciens, 6,5 ha ont été replantés en 2021 et une quinzaine sont espérés cette année. Le défi est de former ces néo-caféiculteurs aux techniques culturales longtemps oubliées et de faire de cet arabica martiniquais un produit haut de gamme pour valoriser l’image agricole de la destination, au delà de la culture ultra dominante de la banane. Avec à peine 1 000 kg récoltés en 2020, écoulés par la marque Jacques Vabre auprès de ses meilleurs clients, le temps n’est pas encore venu de déguster un « petit noir » martiniquais dans les hôtels de l’île mais cela devrait venir !

En Polynésie française, production microscopique

Introduit sur le territoire en 1817 par Samuel Marsden, un missionnaire protestant anglais, le café en Polynésie française n’a véritablement prospéré que sur les îles Australes de Rimatara et Rurutru. Cultivées aux 19ème et 20ème, les plantations ont ensuite été délaissées mais les pieds, toujours présents, font l’objet depuis très récemment d’une velléité de relance, d’autant que le climat des Australes est tout à fait propice à leur culture.

Le CIRAD, institut français de recherche agronomique, a conduit en 2022 une mission relative à la réactivation d’une filière. Deux nouvelles variétés d’arabica ont été introduites, à fin d’essais. Affaire à suivre !


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Droit d'auteur photo : © Massimiliano Cinà

 

Dernière mise à jour : 01/02/2023

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