Caraïbes, la légende des courses à la voile

Ces grandes compétitions organisées entre l’Europe et les Antilles passionnent les foules dès l’instant où les maxi-bateaux se préparent à larguer les amarres. L’engouement pour ces forçats de la mer rejoint la motivation obsédante des skippers : rejoindre au plus vite les îles françaises d’outre-mer ! 

« Transat ». Ce mot sonne comme une promesse d’aventures et d’émotions pour tous les marins et spectateurs épris de course au large. Depuis des décennies, ces grandes traversées de l’océan Atlantique en solitaire ou en équipage rythment la vie des navigateurs professionnels. Chaque course offre son lot de suspense, de moments de gloire… et parfois, aussi, de drames. Et qui dit transatlantique dit souvent… Caraïbes !

Parlons d’abord de la Route du Rhum. Organisée tous les quatre ans au départ de Saint-Malo, cette course à la voile en solitaire vers la Guadeloupe, disputée en automne, a été créée en 1978 et n’a cessé depuis de rencontrer un engouement populaire. Il n’est qu’à voir la foule qui s’amasse à la Pointe du Grouin, près de la cité malouine, pour mesurer sa notoriété !

L’édition 2022, 12ᵉ du nom, a tenu toutes ses promesses. Charles Caudrelier, le vainqueur sur son catamaran Maxi Edmond de Rothschild, a battu le record de l’épreuve, en 6 jours 19 heures 47 minutes et 25 secondes. L’histoire du « Rhum » a été émaillée d’évolutions majeures et de moments de légendes. Depuis la première édition et la victoire de Mike Birch en 23 jours et 7 heures (moins de 2 min avant le second, Michel Malinovsky !), le temps du gagnant a été divisé par… plus de trois. C’est aussi hélas au cours de cette édition inaugurale que disparaitra Alain Colas, sur Manureva…

En focalisant l’attention sur les Antilles, ces courses au large sont une vitrine médiatique sans égal pour les destinations Guadeloupe et Martinique. Ainsi de la Transat Jacques-Vabre, au départ du Havre. Pour sa 15ᵉ édition, cette course en double a délaissé ses destinations d’arrivées habituelles, Carthagène (Colombie), Salvador de Bahia et Itijai (Brésil) ou Puerto Limon (Costa Rica) pour… la Martinique et Fort-de-France. 72 voiliers étaient engagés dans l’édition 2021, qui a vu la victoire, dans la préfecture de la Martinique, de Franck Cammas et Charles Caudrelier, sur Maxi Edmond de Rothschild, en classe multicoque Ultime. En octobre 2023, la 16ᵉ édition fêtera les 30 ans de la course. Plus de cent bateaux sont attendus pour une arrivée en fanfare à Fort-de-France.  

La « Transat en double » a aussi ses adeptes. Cette course au large nommée au préalable Transat AG2R La Mondiale et devenue depuis Transat Paprec, a quitté Concarneau ce 30 avril 2023, direction Saint-Barthélemy. Soit 3 900 miles de sprint via les Canaries pour onze duos désormais exclusivement mixtes. Une vitrine de l’égalité hommes-femmes pour une épreuve déjà remportée en 2000 par Karine Fauconnier et Lionel Lemonchois et qui a vu franchir en tête des athlètes comme Jean Le Cam et Roland Jourdain (1994), Alain Gautier et Jimmy Pahun (1996), Erwan Tabarly et Thierry Chabagny (2016), Thomas Ruyant et Adrien Hardy (2018)… Nul doute que la fête sera au rendez-vous à l’arrivée au port de Gustavia…

Comme pour la « Jacques-Vabre », Madinina est à l’honneur pour la « Cap-Martinique ». Cette nouvelle course en solitaire ou en double, créée en 2022, est ouverte aux voiliers de 30 à 40 pieds (10 à 12 mètres), avec des équipages pros et amateurs. Un seul but : aller le plus vite possible entre La Trinité-sur-Mer (Morbihan) et la magnifique baie de Fort-de-France, via l’île de Porto Santo, sur l’archipel de Madère. Chaque bateau doit s’engager à défendre les couleurs d’une cause environnementale ou sociétale. La seconde édition se tiendra en avril 2024, avec le soutien et l’accueil des partenaires locaux (dont la compagnie Corsair) et de belles festivités en perspective à Fort-de-France.

Parmi les autres transats, il y aurait pu avoir cette année la Lorient-les Bermudes-Lorient. Cette course en double, organisée une seule fois en… 1983 devait ressusciter en 2023, en mai, 40 ans après sa première édition. Elle a été malheureusement reportée en raison du nombre insuffisant de bateaux engagés. La ville a en revanche accueillie l’arrivée en mars dernier des premiers concurrents de la Globe40, un tour du monde avec escales sur monocoque dont la dernière des huit étapes partait de l’île de la Grenade, aux Caraïbes.

Les courses de bateaux se multipliant à l’envi, il convient aussi de parler des transats « retour ». Le « Défi Atlantique », disputé en avril dernier, est ainsi la compétition « à l’envers » de la Route du Rhum. Départ Guadeloupe, arrivée La Rochelle. Idem pour « Retour à la base », rebrousse-chemin de la Jacques-Vabre. Départ de Martinique fin novembre, avec arrivée à Lorient. N’oublions pas non plus la Mini Transat. Organisée tous les deux ans, cette compétition de la classe Mini 6.50 met aux prises les navigateurs solos entre Les Sables d’Olonne et Saint-François (Guadeloupe), via les Canaries. Prochain départ : septembre 2023.

Mais la voile aux Caraïbes n’est pas qu’une affaire de transatlantiques. Plusieurs autres grandes courses opposent des navigateurs chevronnés au sein même des eaux tropicales. Trois sont parmi les plus cotées. La RORC Carribean 600, en février, oppose chaque année sur 600 miles plus de 70 participants slalomant entre les îles Antigua, Barbuda, Saint-Martin, Saint-Barth, Saint-Kitts ans, Nevis, Guadeloupe, Les Saintes, La Désirade… La St Maarten Heineken Regatta, elle, se déroule en mars et oppose maxis, multicoques et monocoques autour de l’île franco-néerlandaise de Saint-Martin. Les Voiles de Saint-Barth Richard Mille, enfin, en avril, accueillent plus de 1 000 marins pour une régate très disputée de cinq jours. Les îles françaises des Caraïbes sont indiscutablement un des plus grands foyers mondiaux des grandes compétitions à la voile.