
Le sable, nuancier des mers chaudes
Blanc, blond, gris, rouge, noir, fin, granuleux, farineux… Toutes les couleurs et textures de sable sont dans la nature… des destinations tropicales. Pour mieux comprendre où les voyageurs posent leur serviettes de plage lorsqu’ils vont aux Caraïbes, dans l’océan Indien ou le Pacifique, Exotismes s’est penché sur la question de l’origine du sable et de sa composition.
Sable : « ensemble de petits grains minéraux (quartz) séparés, recouvrant le sol » (Le Robert) ; « sédiment détritique meuble formé par des grains de la taille des arénites (jusqu’à 2 mm) » (Larousse) ; « roche sédimentaire meuble constituée de petits fragments provenant de la désagrégation de roche de nature diverse » (Centre national de ressources textuelles et lexicales). Quelle que soit la définition, celles-ci oublient l’essentiel de ce que représente le sable pour les touristes en séjour dans les îles : un composant essentiel pour des vacances balnéaires réussies !

Doux aux pieds, le sable rassure…
Le matériau souple et chaud sur lequel marcher pieds nus en humant l’air du large et en écoutant le vent battre les feuilles de cocotiers fait en effet oublier en un clin d’œil les tourments du quotidien. Ce n’est pas pour rien que des médecins conseillent régulièrement à leurs patients fatigués d’aller prendre une semaine de repos sous les tropiques ! Doux aux pieds, le sable rassure et rassérène. Surtout quand la température de l’air dépasse les 26° C.

Erosion des roches sédimentaires
Mais d’où vient le sable des plages ? Et pourquoi prend-il sous les tropiques des couleurs et des textures si différentes ? A explorer sur Internet les sites spécialisés, il n’y a pas de doute : le sable est formé par l’érosion des roches sous l’effet de l’eau de mer mais aussi du vent et de la température. Roche sédimentaire détritique, le sable forme des plages par accumulation de grains (quartz, oxydes de fer, carbonates…) issus de l’érosion des roches sous-marines, soumises à l’effet des vagues et des courants. Il provient également de la désagrégation des roches continentales, charriés jusqu’à la mer par les rivières – sur les rives des grands cours d’eau du monde, comme l’Amazone, il existe aussi d’immenses plages fluviales.

Cocons de sable clair enchâssés entre des collines végétales
Pour s’accumuler, le sable doit être à l’abri des courants ou des vents dominants qui pourraient le remporter au large. C’est la raison pour laquelle les plages les plus protégées se situent dans des baies ou des anses semi fermées. Ces havres de tranquillité, nombreux dans les îles, sont souvent encadrés de versants forestiers. Voilà l’image d’Epinal de la plage tropicale, cocon de sable clair enchâssé entre des collines végétales dont certaines ne se découvrent qu’au dernier moment. Et si en plus il y a une cabane de plage en bois de couleur vive où l’on peut acheter un bokit (sandwich, en Guadeloupe), c’est le paradis !

Le sable blanc des atolls
Parlons granulométrie et colorimétrie. La composition d’une plage dépend de la géologie de la région. Dans l’Hexagone, certaines plages sont en galets. C’est le cas typique de la Normandie, où l’érosion de la craie libère des silex gros et durs comme des cailloux. Quand la roche est en grès, l’eau l’effrite et sépare finement les grains de sable qui la composent. Quand c’est du granit, roche plus dure, le sable est moins fin. On a souvent l’habitude de parler du sable blanc des tropiques. C’est surtout le cas lorsqu’il s’agit des atolls. Les plages de ceux-ci, c’est un cas particulier, sont composées de fragments de coraux et de coquillages qui leur donnent cette couleur si spécifique. L’atoll de Rangiroa, en Polynésie française, en est un exemple typique.

Grains de mica… et poissons-perroquets
Aux Seychelles et aux Maldives, le sable blanc très fin a une origine un peu différente. Même si ses célèbres blocs rocheux sont granitiques, l’île de La Digue, aux Seychelles, doit la couleur blanche et farineuse de son sable (comme sur l’iconique plage Anse Source d’Argent) à l’association du calcaire issu de coraux décomposés et du mica de granit, lavé par des millénaires d’érosion. Aux Maldives, la raison est plus… animale. Une partie de la couleur blanche des plages de l’archipel provient… des rejets des poissons-perroquets. Friands des algues qui recouvrent les squelettes de coraux, ils les ingèrent… en avalant aussi des petits morceaux de corail, qu’ils ne peuvent digérer. Ils les rejettent alors sous forme de petits grains de sable blanc qui vont venir s’accumuler sur les plages. Certains scientifiques pensent que jusqu’à 70% du sable blanc des plages maldiviennes est issu de ce processus.

Noir, c’est noir !
Plus prévisible, le sable noir que l’on voit sur certaines plages de la Réunion et en Polynésie a une origine clairement volcanique, résultant de la décomposition de la lave refroidie. A Tahiti, c’est le cas des plages de la pointe Vénus, sur la baie de Matavai (au nord de Papeete), de la plage Lafayette, très populaire et aussi de la plage de Teharuu, sur la côte sud. Île ô combien volcanique, la Réunion n’échappe pas au phénomène. On pourra fouler au pied les plages de sable noir de Saint-Joseph ou de Saint-Paul, respectivement au sud et au nord-ouest. Mais aussi à l’Etang Salé et à Saint-Leu. D’origine basaltique, elles ont la réputation de pouaker (brûler, en créole), les pieds. Qu’on se rassure : la Réunion possède aussi ses plages de sable clair, plus accueillantes, comme à Boucan Canot (sable blanc fin), L’Hermitage, La Saline ou Trou d’Eau (sable blanc, nord-ouest).

Et même du rose, du rouge, du vert…
Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Riviera Maya, République dominicaine… Le sable des plages de la zone caraïbe prend le plus souvent la couleur dorée que l’on rattache généralement aux plages tropicales. Du jaune clair au foncé, leur teinte varie en fonction de la part de particules de fer oxydée qu’elles contiennent. Ailleurs, on trouve des plages aux couleurs plus inhabituelles. Aux Bahamas, Coral Pink Sand Beach, sur Harbour Island, tient sa couleur rose de la décomposition de coraux de la même couleur. Même chose à Tikehau, un atoll proche de Rangiroa. Rouge est le sable de certaines plages d’Hawaï, comme Kaihalulu, sur l’île de Maui – cette couleur provient des dépôts riches en fer des roches volcaniques alentour. On trouve même des plages de sable vert à Hawaï et aux Galapagos, fruit de la présence d’olivine, minéral entrant dans la composition des roches péridotites. En matière de coloris, les plages des tropiques n’ont pas fini de nous surprendre !

Dernière mise à jour : 20/01/2025
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