
Les bienfaits de l’ananas, délice exotique
Parmi les fruits présents en tous lieux sous les tropiques, l’ananas est l’un des plus emblématiques. Sous son écorce rugueuse, il cache une chair jaune et juteuse à consommer entière, en jus de fruits ou en confitures. Un bonheur démultiplié quand il est dégusté localement, cueilli à point et épargné par un transport au long cours.
Les Indiens du Paraguay, pays dont le fruit est originaire, l’appelaient naná naná, le « parfum des parfums ». Autant dire que la réputation de grande saveur associée à l’ananas remonte à loin ! Si les guaranis l’appréciaient, d’autres consommateurs aujourd’hui se damneraient pour déguster le fruit frais, tout juste récolté. Rien de plus facile si l’on part en vacances dans les îles, à la Réunion, à l’Île Maurice, dans les Antilles françaises, en République Dominicaine, au Mexique, en Polynésie… Toutes destinations dont le climat chaud et humide est ultra favorable à la culture de ce fruit.
Petites exploitations ou jardins familiaux
Inutile de dire que les ananas appréciés localement, sur leur zone de production, n’ont souvent rien de commun avec ceux consommés sous nos latitudes. Les fruits destinés à l’exportation sont souvent issus d’exploitations agro-industrielles (donc chargées en intrants chimiques) et souffrent lors des transports maritimes durant lesquels ils peuvent être malmenés. Sous les tropiques, les meilleurs ananas proviennent de petites exploitations ou de jardins familiaux, issus d’arbres durablement cultivés par leurs propriétaires. Les restaurants locaux ou certains hôtels-resorts s’approvisionnent de la sorte, garantissant une qualité optimale.
25,5 millions de tonnes par an dans le monde
Selon le réseau des Chambres d’agriculture de France, l’ananas représenterait environ 20% de la production mondiale de fruits tropicaux, ce qui en ferait le second fruit exotique le plus cultivé après la banane. La FAO (Food and Agriculture Organisation, un organisme de l’ONU) estime que la production mondiale a doublé ces 25 dernières années et représente désormais plus 25,5 millions de tonnes par an (dont seulement 29 000 tonnes en 2022 pour l’ensemble des îles françaises). La FAO prévoit qu’elle atteindra 37 millions de tonnes en 2030. Les plus grands pays exportateurs sont le Costa Rica, les Philippines, le Brésil, la Thaïlande, la Chine, l’Indonésie et l’Inde. Les deux tiers du commerce mondial concernent les produits transformés, conserves et jus d’ananas.

Vitamines A, B et C, fer, magnésium, calcium… et bromélaïne
Bien sûr, tout n’est pas uniforme dans le petit monde de ce fruit à écorce ! Cueilli généralement d’octobre-novembre à mars-avril, apprécié pour ses bienfaits sur la santé (il regorge de vitamines A, B et C, de fer, de magnésium, de calcium… et de bromélaïne, un facilitateur de la digestion), l’ananas dévoile une histoire différente selon qu’il se trouve dans l’Océan Indien ou le Pacifique et qui varie en fonction des différentes espèces de fruits.

A la Réunion, le Queen Victoria
A la Réunion, la culture est apparue au milieu du XVIIe s. et a rapidement prospérée sur les riches terres volcaniques. La variété principale, l’ananas Queen Victoria, est réputée pour son goût très doux et sa chair jaune pâle. Tenant son nom de l’attirance de la Reine Victoria pour cette variété, il dispose d’un Label Rouge depuis 2006, reconnaissance de sa qualité Premium - on dit que c’est le meilleur ananas du monde ! On le déguste localement en dessert (sorbets, salades de fruits…) mais il peut aussi accompagner les caris de viandes et les samoussas et entre dans la composition de cocktails et de punchs. C’est la même variété que l’on retrouve le plus souvent aux Seychelles et à l’Île Maurice, destination où l’on pourra découvrir de grandes parcelles d’ananas au Domaine de Saint-Aubin.

En Martinique, au nord de l’île
Aux Antilles, l’ananas est produit aussi bien en Martinique qu’en Guadeloupe. En Martinique, sa production a traversé une grave crise, passée de 22 000 tonnes par an jusqu’à 2005, année de fermeture de l’usine de transformation du fruit à Morne Rouge… à 400 tonnes ces dernières années. Une poignée de producteurs tente de relancer sa culture. Regroupés en coopérative, ils sont pour l’essentiel situés dans les communes de Basse-Pointe, Macouba, Ajoupa-Bouillon et Morne-Rouge, au nord de l’île, sur les pentes de la Montagne Pelée. A la variété Victoria, ils tentent aujourd’hui de substituer l’espèce Queen Victoria, à la chair orangée et juteuse.

En Guadeloupe, sur Basse-Terre
En Guadeloupe, les plantations d’ananas sont concentrées à Basse Terre. On y cultive majoritairement la variété « Bouteille » ou « Pain de sucre », un ananas de forme allongée, à chair blanche, juteuse et tendre. Certains y relèvent un goût de noix de coco ou de vanille. Son cœur, quasiment dépourvu de fibres, se mange. Mais moins de 200 hectares sont cultivés sur l’île. Ailleurs dans l’arc caraïbe, la République Dominicaine et le Mexique produisent aussi des ananas. Le premier exploite des fruits destinés essentiellement au marché intérieur et tente de relancer l’exportation. Le second a produit 73 000 tonnes en 2020, ce qui l’élevait au rang de 7ème exportateur mondial de ce fruit, pour l’essentiel vendu aux Etats-Unis.

Le Queen Tahiti de Moorea
Mais c’est en Polynésie qu’il faut se rendre pour goûter à un autre ananas Premium, cultivé surtout sur l’île de Moorea. Appelé painapo (mot dérivé de l’anglais pineapple), il s’agit de la variété Queen Tahiti… encore un nom de reine pour qualifier cet ananas hyper qualitatif ! La culture remonte à la fin du XVIIIe s., quand le commandant du Bounty, William Bligh, l’aurait introduit dans l’archipel. Depuis, le choix s’est porté sur cette variété dont on tire des jus dans une coopérative locale et qui se retrouve en saison de récolte (la matari’i i nia, de fin novembre à fin mai), à la table des hôtels-resorts de Polynésie.
Route de l’ananas
Durant cette saison, rien n’est plus passionnant que de parcourir à Moorea la Route de l’ananas. En 4x4, à vélo ou même à pied, on se hissera dans la caldeira, au nord du Mou’a roa, et jusqu’au belvédère d’Opunohu, afin de découvrir les plantations et des panoramas uniques sur l’île et l’océan, en observant au passage les monts Rotui et Tohiea. Surtout, on prendra le temps, confortablement installé dans un restaurant d’hôtel ou au bord d’une piscine, de déguster un ananas frais et fruité, de le savourer en dessert ou bien généreusement versé dans un cocktail. Le roi des fruits tropicaux mérite qu’on l’apprécie… religieusement.

Dernière mise à jour : 27/06/2025
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