Malédictions des tropiques

De l’Océan Indien aux Caraïbes et la Polynésie, la culture locale colporte des mythes à effrayer les plus cartésiens d’entre nous. Alors qu’approche la Toussaint et sa fête des morts, tremblons un peu devant ces cinq histoires (sombres), traditions et légendes venues des tréfonds du temps...

 

Le Triangle des Bermudes

Ici Papa Tango Charly !

Il ne fait pas bon aller aux Caraïbes en bateau. Du moins si l’on doit traverser ce fameux triangle, constitué d’au moins 500 000 km² entre l’archipel des Bermudes, Porto Rico et la Floride. La "légende noire" des Bermudes démarre en 1945. Un jour de décembre, cinq avions américains disparaissent mystérieusement au dessus du triangle. "Nous sommes complètement perdus" sera l’un de leurs derniers messages radio…

Dernière disparition… en 2021

Plus curieux encore, l’hydravion parti à leur recherche disparait aussi. Aucune trace des uns et des autres. Le mystère s’épaissit au fil des ans avec la disparition successive de plus d’une centaine d’avions et de bateaux dans la zone. La dernière en date remonte à début… 2021. Le site de France Info rapporte le 4 janvier une nouvelle disparition mystérieuse : celle d’un bateau de plaisance ayant quitté les îles Bimini pour rejoindre Lake Worth, en Floride. A bord, une vingtaine de personnes, toutes disparues…

Extraterrestres, base secrète ?

Un tel mystère devait fatalement susciter des légendes. Parmi les théories avancées, on a parlé de « portes de l’Enfer », de pièges tendus par des extraterrestres, de base secrète sous-marine… Les phénomènes paranormaux ont bon dos. Mais la vérité est sans doute plus prosaïque. Car évidement les scientifiques se sont penchés sur la question. 

Montagnes sous-marines

Les hydrographes ont ainsi montré que les fonds océaniques du triangle des Bermudes étaient constitués de montagnes très accidentées, recouvertes d’épaisses couches calcaires et d’algues, formant des récifs. Si des collisions frontales sont toujours plausibles, ces montagnes immergées sont séparées par des abysses pouvant atteindre 8 000 m de profondeur. Une caractéristique qui provoquerait l’apparition de tourbillons aspirants, capables d’engloutir les navires !

Vents à plus de 270 km/h

La zone des Bermudes est aussi très perturbée d’un point de vue météorologique. Ouragans, orages et tempêtes tropicales s’y donnent à cœur joie. Conséquence : des rafales de vent soufflant parfois à plus de 270 km/h… provoquant des vagues géantes de plus de 30 m de haut. De quoi désarçonner le plus stables des navires. Hydrographes, océanographes et physiciens sont donc les meilleurs fossoyeurs d’une légende qui ne résiste pas à l’analyse scientifique… mais qui n’encourage pas non plus à aller se promener dans le secteur.

Les Ciguapas de République Dominicaine

Tremblez, vous qui randonnez dans les forêts dominicaines, la ciguapa vous attend au coin du chemin… La cigua quoi ? La ciguapa. Une créature féminine aux très longs cheveux noirs recouvrant son corps, peau brune, pieds tournés à l’envers. Elle habite les plus hautes montagnes de la Cordillère Centrale, vit la nuit et ses empreintes de pas indiquent le chemin inverse de sa direction. Si vous la croisez, elle vous ensorcèlera en vous regardant dans les yeux, jusqu’à vous donner la mort… D’autres, au contraire, la disent pacifiste et bienveillante. Déroutant, n’est-ce pas ?

Capturer les voyageurs…

Voilà l’une des légendes les plus curieuses de la « Rep Dom ». Ces « sorcières » émettant des vocalises inquiétantes (une sorte de gazouillis), séduisantes et sauvages – elles vivent nues – ont le pouvoir de capturer les voyageurs – surtout les hommes… Personne ne s’accorde sur l’origine du mythe. Pour certains, il remonterait aux Tainos, ce peuple premier exterminé par les Espagnols. On dit aussi que pour échapper aux envahisseurs, les Ciguayos, autre peuple indigène vivant dans la péninsule de Samaná, auraient procédé à la torsion des pieds de leurs bébés pour qu’on ne les retrouve pas ensuite dans la forêt… Pour d’autres, il est un dérivé des légendes sur les sirènes européennes, apportées par les Conquistadors. Un film dominicain a même été réalisé sur cette histoire, El Mito de la Ciguapa (2009). Si vous en rencontrez une dans les forêts de Samaná ou de la cordillère, prévenez Exotismes…

Le "Dia de los Muertos" au Mexique

Dans la chrétienté, la Toussaint est un temps mémoriel pour honorer nos morts. Et c’est peu dire que dans certains pays, l’événement prend un tour festif que nous n’imaginerions pas sous nos cieux. Ainsi au Mexique, avec le Dia de los Muertos. Un dia ? (Un jour ?). Une « bamboche » de trois jours, plutôt, pendant lesquels les Mexicains jouent, chantent et dansent sur les tombes de leurs aïeux ! Au cimetière, le 1er novembre, ils honorent les enfants. Le 2 novembre, c’est au tour des adultes. Les proches jettent des pétales de fleurs et allument des bougies pour guider les âmes des ancêtres, leur apportant aussi de la nourriture.

Au patrimoine culturel de l’humanité

A la maison, les Mexicains confectionnent des autels dédiés à leurs morts, qu’ils recouvrent d’offrandes (portraits, objets du défunt...). Une déesse aztèque serait pour certains à l’origine de cette tradition. A cette époque, on conservait aussi les crânes de victimes de sacrifices humains, afin de les exposer au public. Plus tard, les colons Espagnols apporteront leurs traditions chrétiennes. Elles viendront se mélanger avec celles des aztèques. Ce syncrétisme conduira l’Unesco à inscrire en 2003  cette fête au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Costumes-squelettes et têtes de morts

Le Dia de los Muertos d’aujourd’hui n’a rien à voir avec les traditions parfois macabres du passé. Influencé par la culture américaine et Halloween, c’est devenu un jour de « liesse » assez mercantile. Il a été popularisé dans de nombreux films. L’un des James Bond, Spectre (2015), y fait d’ailleurs référence, avec sa scène initiale tournée sur la place du Zocalo, à Mexico. Mais alors, pourquoi cette fête serait-elle effrayante ? Parce qu’elle trimballe son lot d’images macabres, avec ces costumes représentant des squelettes et cette – autre – tradition culinaire, consistant à confectionner le « pain des morts », des têtes de mort en sucre… Ames sensibles, méfiance !

Les Tupapa'u, Fantômes Polynésiens...

Il ne faut pas rigoler avec les tupapa’u… Ces esprits de la Polynésie sont tout à la fois craints et respectés. Ils se manifestent comme la plupart des fantômes, dans les maisons. Craquements sinistres, montants qui vibrent, bruits de portes… le fenua est rempli d’histoires de maisons hantées. La presse locale se fait un plaisir de les relayer, racontant le refus de telle famille de prendre possession d’un nouveau logement, de telle autre se précipitant de déménager après avoir constaté que les portes de leur maison s’ouvraient toutes seules…

Les marae, sacrés pour les Polynésiens

On raconte aussi que des esprits ont rodé la nuit sur le marché de Papeete et qu’une maison est restée hantée de longues années avant qu’on s’aperçoive que sa… fosse septique avait été réalisée avec les pierres d’un marae, site sacré pour les Polynésiens. Pour contrer ces phénomènes, les Polynésiens font appel à un tahu’a, qu’on peut comparer à un exorciste. Ceux-ci considèrent que les phénomènes sont apparus après l’arrivée des premiers colons, qui auraient fait peu de cas des marae et perturbé ainsi les esprits. Voyageurs du bout du monde, respectez les sites historiques, sinon…

Deux Histoires Réunionnaises...

L’île de la Réunion n’échappe pas aux légendes et aux croyances. Connaissez-vous ainsi « la Grand-mère Kal » ? Cette sorcière n’est pas la plus amicale… Selon les uns, elle était connue pour violenter ses esclaves. Rebellés, certains l’auraient empoisonnée et se seraient réfugiés dans le cirque de Mafate. Mais la grand-mère n’était pas morte… Transformée en oiseau noir, elle survole toujours les maisons, annonçant un malheur imminent.

Grand-mère Kal et l’oiseau noir

Selon les autres, elle se serait jetée dans les flots, folle de chagrin, suite à la mort de son fils… L’oiseau noir serait bien sa réincarnation et annoncerait toujours des drames, Bref, mieux vaut ne pas croiser Grand-mère Kal, au risque de voir son destin basculer. Aux dernières nouvelles, elle résiderait dans le Piton de la Fournaise…

 

Sitarane, bandit de légende

Sitarane emprunte à une histoire vraie, celle d’un bandit opérant sur l’île au début du 20ème s., qui aurait créé un vent de panique à La Réunion. Finalement arrêté, son procès dévoile tous ses méfaits… et les cérémonies macabres et messes noires auxquelles il se livrait. La légende était née et il n’est pas rare que, même exécuté, certains croient encore l’apercevoir. Sa tombe du cimetière de Saint-Pierre, en tout cas, est toujours fréquentée par des admirateurs.

Dernière mise à jour : 20/12/2024

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