Mafate à l'île de la Réunion, quel cirque !

Seul des trois cirques de l’île à n’être accessible qu’à pied (ou en hélicoptère), ce territoire isolé est un paradis pour les randonneurs. Là-haut, de rares échoppes, quelques gîtes et une nature à couper le souffle forment un décor inédit. Bienvenue dans un monde clos où 700 habitants entretiennent les paysages sur leurs îlets, loin de l’océan et d’une vie « normale »...

Une expérience inoubliable dans les montagnes de la Réunion

Je m’en souviens comme si c’était hier. Des années auparavant, alors jeune randonneur inexpérimenté, j’étais parti avec un ami à Mafate par la Rivière des Galets, la fleur au fusil, sans vivres, avec juste ce qu’il faut d’eau au fond de ma gourde.

Nous voulions traverser le cirque pour rejoindre Cilaos. Nous avions grimpé et descendu sans relâche… été pris de crampes… mendié à d’autres marcheurs un fond de cassoulet pour le dîner… planté la tente de nuit… mal dormi.

Malgré cela, je garde un souvenir extraordinaire de cette marche de deux jours. Des sentiers vertigineux sur des arêtes, des aboiements de chiens venus des tréfonds de la vallée, le bruit rafraîchissant d’un ruisseau, des pitons d’un vert étincelant dressés vers le ciel. Et ces enfants au sourire éclatant, petits écoliers d’un monde où leurs grands-mères, nous avait-on dit, ne connaissaient pour certaines pas même l’océan… Inimaginable sur une si « petite » île, à l’heure des jets et de l’hyper connectivité.

Le cirque de Mafate

Mafate est une anomalie. Aucune route ne dessert ce cirque de plus de 100 km² formé il y a des millions d’années à la suite d’effondrements du massif du Piton des Neiges (point culminant de l’île, 3 069 m) et creusé par le lent travail d’érosion. Trop abrupt. Le cirque n’est pourtant pas un « creux » uniforme cerné de murailles égalisées. Enceinte à parois sévères, de forme globalement circulaire, la géographie de Mafate est bousculée par des vallées encaissées, des plateaux « inaccessibles », des versants raides, des forêts, des cascades et des points culminants (Le Gros Morne, 2 990 m ; la Roche Ecrite, 2 280 m ; le col du Taibit, 2 080 m).

Ceux qui n’ont pas le courage d’y aller à pied peuvent s’en rendre compte en grimpant en voiture jusqu’à la crête du piton Maïdo, côté sud-ouest du cirque. Depuis ce belvédère vertigineux, la vue plonge sur l’enclave fermée où l’on devine, en bas, les tâches colorées des cases, qu’un parapente permettrait d’atteindre en quelques coups d’ailes. Un monde perdu.

Son histoire

Mais pourquoi des humains ont-ils décidé de vivre là, sachant les conditions d’accès invraisemblables ? L’histoire remonte aux nègres marrons. Ces esclaves en fuite ont trouvé refuge dans ces hauts perdus, pour échapper à leurs geôliers. Au 18ème s., ils seront rejoints par des colons blancs, chassés du reste de l’île par l’explosion démographique et le manque de terres, par des règles successorales favorisant l’aîné de la famille et par la fin de l’esclavage. Certains s’installent légalement et obtiennent des concessions. D’autres occupent le terrain sans autorisation, espérant que l’isolement du cirque les protégera de l’administration.

En 1874, les forestiers s’en prennent aux Mafatais parce qu’ils veulent reboiser le territoire. Rebellions et bagarres émaillent les années suivantes, avant l’apaisement au début du 20ème s. Ce sont d’eux et de cette Histoire que sont issus les quelque 700 habitants de Mafate, disséminés sur une dizaine d’îlets.

S’isoler dans les ilets du cirque de Mafate

Les ilets ? Des hameaux et des petits villages de quelques cases, regroupés sur d’étroits plateaux cultivables. La Nouvelle (le plus grand), Roche-Plate, l’îlet à Bourse, Aurère, Marla, Les Orangers…, c’est là que les marcheurs fourbus, au carrefour d’une portion des 130 km de chemins de randonnées tracés dans le cirque, trouvent le gîte de la montagne et le couvert, l’épicerie-bar et la boulangerie, le repos mérité puis le silence de la nuit. Au matin, ils s’éveilleront au centre d’une vie champêtre hors du temps, sans voiture, entourés d’enclos jardinés où poussent quelques cultures vivrières (fruits, maïs…). « Digital détox » pourrait être le terme qui sied à un court séjour à Mafate – un seule nuit là haut suffit à vous déconnecter du monde.

Hormis l’hélicoptère qui monte les vivres, quelques touristes fortunés (et peu sportifs) et qui redescend l’instituteur le week-end à Saint-Denis ainsi que les malades, la marche est l’exercice le mieux partagé par les touristes et les habitants. Selon leur îlet de résidence, les Mafatais font leurs courses à Cilaos ou à Salazie – des heures à pied. Aucun réseau électrique n’alimente le cirque. Des panneaux solaires et des groupes électrogènes apportent l’énergie nécessaire. Le courrier est monté en hélico et distribué par des facteurs à pied. De quoi vivent les Mafatais ? Parfois en étant embauchés sur des chantiers forestiers, ou grâce au tourisme – une activité vitale. Pour d’autres, les allocations sont indispensables.

A tous ceux qui veulent découvrir depuis les hôtels de la côte la vraie vie créole, une nature époustouflante (au sein du Parc national de La Réunion) et le plaisir de l’effort à pied, aucune hésitation : Mafate est un territoire de premier choix lors de votre prochain séjour à la Réunion, à condition de préparer son itinéraire, de consulter la météo… et d’emporter quelques vivres.

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Dernière mise à jour : 14/10/2020

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