République Dominicaine : quand le pays a le cigare…

Avec le tourisme, l’agriculture est un secteur économique majeur dans l’île. Si l’on connaît le café, le cacao et la canne à sucre, le tabac a pris ces 25 dernières années une importance notable. Au point de donner au cigare dominicain ses lettres de noblesse… et de faire un peu d’ombre à son voisin cubain. Explications.

Parler de cigares sans évoquer Cuba peut être considéré comme un crime de lèse-majesté. S’il n’est pas dans notre propos de trancher pour savoir où sont fabriqués les meilleurs « havanes » du monde – tant la question est subjective -, force est de constater que la République dominicaine a depuis longtemps détrôné le pays des Castro au rang de premier producteur mondial.

C’est ainsi et la Révolution cubaine y est pour quelque chose. La nationalisation de l’industrie du cigare et l’embargo des Etats-Unis sur les produits cubains a conduit dans les années 1960 une part des producteurs de l’île à s’exiler dans le pays voisin. Ils n’ont pas eu trop besoin de se creuser la tête : avec le même climat tropical et des sols fertiles, la terre dominicaine offrait les caractéristiques idéales à la culture du tabac. D’ailleurs, les indiens Taino, peuple indigène entièrement massacré après l’arrivée des colons européens, le cultivait déjà.

A une nuance près, toutefois. La République dominicaine produit surtout du tabac pour la « tripe » - le cœur du cigare, déterminant pour le goût et les arômes – et la « sous-cape » - feuille intermédiaire entre la « tripe » et la « cape ». A l’origine, elle ne produisait pas de « cape », cette enveloppe extérieure qui constitue la touche finale du cigare. Pourquoi ? Parce que la topographie et le vent particuliers de l’île rendent difficile la croissance de cette variété de tabac, empêchant la feuille de s’épanouir suffisamment. Ces « capes » proviennent donc encore parfois d’importations, venues d’Equateur, du Nicaragua, du Brésil et aussi du Cameroun. Même si depuis le début des années 1990, des producteurs ont réussi à grands renforts d’investissements à faire pousser ce fameux tabac de « capes », donnant naissance en 1992 au premier puro dominicain.

Vous vous posez sans doute la question : où trouve-t-on les plantations et les fabriques ? Les touristes en séjour à Punta Cana ou Bayahibe n’ont aucune chance de les voir s’ils demeurent dans leurs resorts. Il faut filer au nord, dans la vallée du fleuve Yaque et celle du Cibao. C’est dans ce décor de montagnes, aux sols riches en matières organiques, que se trouvent les champs de tabac. La fabrication, elle, est concentrée autour de Santiago de los Cabelleros, seconde cité du pays. Une région au demeurant propice à l’écotourisme, avec mille possibilités d’activité de plein air… et le passage obligé au Museo del Tabaco, dans cette même ville.

Depuis 25 ans, le pays est donc devenu le premier producteur mondial de cigares, grâce à une croissance très importante de la culture du tabac. En 2016, la « Rep Dom » a exporté plus de 210 millions de cigares Premium, soit 42% du marché mondial d’exportation. On estime que 3 millions de « havanes » dominicains sont fumés chaque année par les consommateurs français. L’ensemble des cigares élaborés, incluant les hechos a mano (faits main) et les hechos a máquina (fait à la machine), génère plus de 600 millions de dollars de recettes. Le secteur emploie environ 120 000 personnes.

Si la fabrication reste ici et là encore artisanale, la profession, elle, s’est structurée pour défendre ses intérêts et l’image du cigare dominicain. Les plus grands producteurs sont réunis depuis 1992 au sein de Procigar, qui compte désormais douze membres actifs parmi les marques les plus prestigieuses au monde. Leurs noms : Tabadom Holding Inc/Oetting Davidoff AG, Quesada Cigars, La Aurora Cigars, General Cigars, Tabacalera de Garcia/Imperial Tobacco, De Los Reyes Cigars, La Flor Dominicana, EPC Cigars, PDR Cigars, Tabacalera Fuente, Tabacos Quisqueyanos et Tabacalera La Palma.

Procigar organise chaque année un salon-festival dédié aux dernières nouveautés relatives à la production. Il se tient à Santiago de los Cabelleros en présence des grandes marques et de centaines de représentants du monde du cigare, venus des cinq continents – 22 nationalités étaient recensées en 2017. La 11ème et prochaine édition aura lieu du 18 au 23 février 2018.

Pour les touristes amateurs de cigares ou simplement curieux d’en savoir plus sur cette activité, l’entreprise Cigar Country Tours propose des visites organisées. Côté récolte et séchage des feuilles de tabac, janvier et février sont les meilleurs mois et il faudra évidemment aller au nord du pays pour le découvrir. Côté fabrication, la société propose la visite de plusieurs ateliers, notamment Vega Fina Cigar Factory et Tabacalera de García, tous deux situés à La Romana. Proches des resorts de cette station balnéaire, placés près de la route vers Punta Cana pour ceux qui viennent de la capitale Santo Domingo, ils sont faciles d’accès, à condition de réserver à l’avance. Plus de 200 000 visiteurs ont déjà vécu cette expérience.

La Matilde Cigar Factory est une autre fabrique installée à La Romana. Une partie des cigares y est fait main et on se souvient d’avoir été sidéré par les gestes précis d’un employé roulant la fameuse cape finale… tout en fumant son cigare ! L’entreprise exporte les trois quarts de sa production aux Etats-Unis, le reste vers l’Europe. Elle dispose d’une méga-boutique idéale pour remplir sa cave à cigares de retour en France.

Quant au goût, n’étant pas des spécialistes, nous ne nous risquerons pas à le commenter ! Disons seulement que les cigares dominicains sont connus pour leur tendance à la légèreté, avec quelques arômes corsés et des mélanges particulièrement complexes. Les cigares cubains sont réputés plus forts. Les fumeurs y trouveront sans doute leur bonheur tandis que les vacanciers, eux, auront gagné une belle occasion de découvrir un pan méconnu de la (agri)culture dominicaine.

Attention toutefois, n’oubliez pas que le tabac, même en cigare, est dangereux pour la santé.

Dernière mise à jour : 20/10/2020

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