Vallée de Mai, au royaume des cocos de mer

L’un des sites les plus visités de l’archipel est ce territoire de 20 ha situé au centre de l’île de Praslin. Plus de 4 000 palmiers adultes produisent ici des noix de coco uniques au monde, aux formes suggestives. Si elles ont fait sa réputation, elles ne doivent pas occulter que cette vallée est aussi un formidable écosystème où abondent d’autres espèces végétales et animales rares. A découvrir tôt le matin, avant les groupes !

 

Un véritable jardin d’Éden

Nous sommes arrivés ce matin là en même temps qu’un groupe de Chinois. Bavards, peu disciplinés, se précipitant pour photographier la première noix de coco venue… ils promettaient une visite mouvementée de ce sanctuaire de la nature. Une balade peu raccord avec l’idée que l’on se fait d’un « jardin d’éden » oublié du temps. Mais nous avions occulté ce que sont les vacances d’Asiatiques. Timing serré, programme chargé… aussitôt arrivés, presque aussitôt repartis ! Le créneau était libre, nous avions la Vallée de Mai pour nous seuls.

Le soleil fait dans ce territoire plutôt pâle figure. Sous la frondaison dense, il peine à éclairer le sol. Trois sentiers (Circulaire Nord, Circulaire Sud et Chemin central) s’enfoncent dans la forêt et dévoilent les secrets de ce sanctuaire, à mesure qu’ils s’éloignent du bâtiment d’accueil. Une forêt touffue, donc, vallonnée, refuge du célèbre palmier coco de mer qui attire ici des milliers de touristes pour la forme… évocatrice de ses noix de cocos, dites cocos-fesses.

Découvrez la Vallée de Mai en vidéo

Le « coco-fesse », un fruit singulier à protéger

Le coco-fesses ? Un fruit issu d’une variété unique au monde de cocotier géant de mer, lodoceia maldivica. Il porte la plus grosse graine du règne végétal au monde ! C’est l’une des six sortes de palmiers endémiques des Seychelles. Il ne pousse qu’à Praslin et sur la petite île voisine de Curieuse. Tout dans cet arbre est hors de proportion. Sa taille : il peut atteindre 25 m de haut à l’âge adulte. Sa maturation : il lui faut des années (jusqu’à plusieurs décades !) pour croître et atteindre sa plénitude. Sa reproduction : elle n’est possible qu’à partir de 15 à 20 ans. Sa durée de vie : elle peut atteindre 200 ans. Le poids du fruit : le coco-fesse peut peser jusqu’à 20 kg. Sa chute au sol : elle intervient au bout de 6 à 7 ans, après complète maturité. Sa germination une fois tombé : pas avant 3 à 6 six mois.

Quant à la pollinisation de l’arbre mâle par l’arbre femelle, elle est toujours l’objet de spéculations intenses. Plusieurs hypothèses ont été formulées. L’arbre femelle serait fécondé grâce aux insectes, au vent, aux chauves-souris, aux geckos, aux limaces… Le mystère demeure. Quoiqu’il en soit, le coco-fesse suscite bien des fantasmes. Nous sommes sous les tropiques et la forme voluptueuse de ce fruit fait écho à la lascivité supposée des femmes des îles… Quoiqu’il en soit, un fruit coûte cher : une fois tombé de l’arbre et débarrassé de son enveloppe – la bien-nommée… culotte - il se négocie autour de 400 €.

Un laboratoire vivant au sein d’une île idyllique

Il serait dommage de visiter la Vallée de Mai, inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1983 - l’un des plus petits sites naturels au monde protégé par l’organisme – pour cette seule raison. Car la réserve, partie du Parc national de Praslin (300 ha) étendu au sud-est de l’île, a d’autres tours dans son sac. Au delà de sa beauté naturelle et des six variétés de palmiers qui filtrent la lumière à travers leurs feuilles vertes, rouges et brunes, de nombreuses espèces animales endémiques ont élu domicile, entre les flamboyants, vanilliers, acacias et autres Latannyen Lat (arbres à racines aréolaires).

La Vallée est un refuge pour le perroquet noir, qui ne vit qu’à Praslin et est totalement dépendant de cette forêt. Arriver à l’observer est un challenge, tant il se fait discret. Pour l’avoir entendu cancaner et finalement discerné – joli petit oiseau anthracite sur fond de végétaux vert-pomme – nous pouvons témoigner du plaisir indicible d’apercevoir ce volatil unique au monde.

Dans ce laboratoire vivant aux accents de forêt primitive, d’autres animaux tirent leur épingle du jeu : les geckos bronze et diurnes, les pigeons bleus (à tête rouge), les bulbuls, les martinets, les scinques des Seychelles, les caméléons, les grenouilles… Amateurs de photo animalière, à vos appareils ! La Vallée de Mai réserve toujours des surprises. En 2009, une nouvelle variété de grenouille a été identifiée, tandis que le caméléon des Seychelles (Archaius scychellensis), que l’on croyait disparu depuis 200 ans, a fait sa réapparition. En 2010, de nouvelles espèces de criquets ont été révélées.

Comment une telle réserve a-t-elle pu rester à l’abri du temps ? Qu’on ne s’y trompe pas : la Vallée de Mai a subi les outrages de l’homme mais son relatif isolement l’a épargné des ravages commis ailleurs. Placée durant des millions d’années à l’écart du monde, elle a été découverte en 1881 par le général britannique Charles Gordon. Il la décrira d’ailleurs comme un « éden originel ».

A l’origine propriété d’un Anglais, la forêt est achetée en… mai 1928 par un Français, d’où son nom. En 1945, la Vallée de Mai est déclarée « Reserve Riviere », en raison du cours d’eau qui la traverse, agrémenté d’une belle cascade. Trois ans plus tard, elle est acquise par le gouvernement local. Après avoir échappé à un incendie en 1958, elle est déclarée réserve naturelle en 1966 et s’ouvre pour la première fois aux visiteurs en 1972.

Devenue partie du Parc national de Praslin en 1979 (trois ans après l’indépendance du pays), elle est inscrite à l’Unesco en 1983 et sa gouvernance passe 10 ans plus tard sous la férule de la Seychelles Islands Foundation (SIF). Cet organisme d’Etat gère aussi l’atoll d’Aldabra. Sa mission de protection se double d’actions de valorisation et de recherche. Le bâtiment d’accueil des visiteurs, lui, a été repensé en 2010.

Le tourisme apporte une contribution financière solide à la protection et à la gestion du bien mais la surexploitation du coco de mer a épuisé sa capacité de régénération naturelle. La SIF veille donc à protéger ce palmier et à éliminer les plantes invasives qui pourraient nuire à son développement. En parallèle, des programmes scientifiques sont conduits dans une vallée qui a encore beaucoup à révéler sur sa flore et sa faune. A la lumière de ces informations, la visite du site n’en devrait être que plus riche !

Dernière mise à jour : 06/01/2023

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