La Désirade, une amante discrète

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La plus secrète des îles antillaises est aussi la plus vieille terre de la Petite Caraïbe. Depuis la Guadeloupe et Saint-François, 45 mn de bateau suffisent pour poser le pied sur cette poussière océane. Pour une journée… et plus si affinités.

Un écrin de beauté

« Ici, même après la mort, la vie est belle », poétise notre chauffeur, en passant devant le cimetière de Baie-Mahault et ses tombes colorées. Voilà peut-être l’un des secrets de La Désirade. Une île où si l’on a pris la mesure du temps, le passage de vie à trépas n’est qu’une péripétie, la continuité d’une existence qui n’attend rien d’autre que de poursuivre près des étoiles un quotidien débarrassé depuis longtemps des contingences matérielles. Magie des îles…

Alors, bienheureux, les désiradiens ? Depuis la pointe des Châteaux, sur Grande-Terre, on aperçoit ce rocher tabulaire aux faux airs d’Ayers Rock, éminence solitaire plantée en vigie devant l’Atlantique furieux. Pas simple de vivre là. Les cyclones tapent en premier. Hugo, l’ouragan destructeur de 1989, est passé ici. Erika aussi, en 2009. Tombée, relevée, La Désirade survit à tout et reste la terre promise des navigateurs de la Route du Rhum, quand ils en ont fini avec les pièges de l’océan.

Une île dans une île, oui, à l’écart des inconstances du monde. De Saint-François, on quitte la Guadeloupe pour un autre univers. A peine une heure de navigation vers cette terre de 1 700 âmes, la moins visitée des îles guadeloupéennes. Soit 80 000 personnes par an, l’immense majorité en excursion à la journée. C’est presque normal, tant elle joue les discrètes. Au passage, on croise les deux îlots de Petite Terre, une réserve naturelle intégrale avec lagon et cocoteraie, protégée depuis 1998. Sur terre, au mouillage et en apnée, on y voit des poissons perroquets, des tortues vertes, des langoustes, des barracudas, des oiseaux migrateurs et une brassée d’iguanes des Petites Antilles, verts pour les juvéniles, grisâtres pour les adultes. 

Accostage à Beauséjour. Le pied se pose dans un monde de silence, loin de l’effervescence de Pointe-à-Pitre. La Désirade est une île fragmentée. Au sud, la côte habitée, le village de Baie-Mahault, les plages de sable blanc, à Fifi, à Fanfan, Petite-Rivière, des Galets, du Souffleur… Au centre, le plateau désolé, terre de randonnées où l’on aperçoit, parfois, entre hibiscus, frangipaniers et gaïacs (un arbre endémique), le scinque de la Désirade, un lézard à écailles brun, roux et doré. Au nord, un versant désert qui plonge sec dans l’océan.

« L’identité de La Désirade, c’est la mer », nous a asséné un jour l’ancien maire de l’île, Emmanuel Robin. Elle abrite en effet la communauté de pêcheurs la plus importante de Guadeloupe mais a longtemps accueilli, aussi, à partir du 18ème s., les lépreux et les enfants turbulents de la bourgeoisie, exilés ici pour ne pas nuire à la société. De ce melting-pot, il ressort une population aimable, fière de son île tellement tranquille que des écrivains y viennent en résidence trouver l’inspiration.

Découverte d'un paradis méconnu

Il n’y a pas grand-chose à faire, à la Désirade. Et c’est très bien ainsi. Ah si, tout de même. La réserve géologique naturelle, sur le littoral est, confirme que les pierres les plus anciennes des Petites Antilles sont ici. L’atelier lapidaire, à Beauséjour, vend des bijoux de roches vieilles de plus de 150 millions d’années. L’église Notre-Dame de l’Assomption vaut le coup d’œil. La maquette d’une goélette y trône, sortie lors de la procession de la fête des Marins, le 16 août, qui célèbre aussi une vieille connivence avec la Bretagne. La léproserie mérite aussi un détour, souvenir d’un camp de malades accueillis de 1726 à… 1956. Il n’en reste que des pans de murs noyés sous la végétation.

Mais La Désirade, que Christophe Colomb aurait découverte un jour de 1493, n’a pas conservé beaucoup de vestiges. Comme si les humeurs noires de l’océan effaçaient les traces du passé. L’île est nature, ainsi le prouve la pointe à Colibri, au sud-ouest, avec sa très belle vue sur la pointe des Châteaux ; et la pointe Doublé, au nord-est, dont l’antique station météorologique de 1930 a été vaincue par les assauts des alizés. 

On pourra avoir envie de rester sur l’île. Pas d’hôtel digne de ce nom mais une quarantaine de gîtes, aménagés pour les touristes. L’occasion, au jour déclinant, de grimper jusqu’à la chapelle du Calvaire, au dessus de Beauséjour. Et de jouir d’un panorama silencieux sur cette île hors du monde. La Désirade, comme une aubade…

Dernière mise à jour : 09/10/2018

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