En Mer, rififi sous le Soleil...

Aujourd’hui éden pour les touristes, les côtes tropicales ont connu des évènements exceptionnels qui ont marqué l’Histoire. Retour sur deux batailles navales et un naufrage homérique entrés dans la légende...

Martinique, avril 1781 : France 1, Angleterre 0

C’est une victoire navale annonciatrice d’une plus grande : celle de Chesapeake, où la flotte française atomise en septembre 1781 l’armada anglaise qui lui barre l’accès à l’Amérique, lors de la guerre d’indépendance des Etats-Unis. Pour comprendre les causes de cette (rare) succession d’exploits navals contre l’ennemi juré britannique, un flash-back s’impose. Nous sommes en 1781, les Etats-Unis bataillent depuis six ans contre les Anglais pour obtenir leur indépendance. Des puissances alliées leur ont prêté main forte, à l’image de la France, avec La Fayette. En 1781, Louis XVI ordonne l’envoi d’une flotte pour soutenir à nouveau les « insurgés » américains.

Bougainville dans la bataille

Partie de Brest en mars sous les ordres de l’amiral de Grasse, une vingtaine de vaisseaux (parmi lesquels l’Auguste, commandé par Bougainville) touche terre en Martinique le 28 avril. Avant de rejoindre la côte sous le Vent et Fort-Royal (aujourd’hui Fort-de-France), l’amiral a envoyé des émissaires sur la côte occidentale. Mauvaise nouvelle : l’accès à Fort-Royal est barré par plusieurs vaisseaux « british », dirigés par Sir Samuel Hood.

Quatre navires british endommagés

Le matin du 29, de Grasse décide d’attaquer. Supérieure en nombre et profitant de vents portants, la flotte française force le passage et canonne les bateaux anglais, en dépit du renfort d’un vaisseau de la couronne venu de Sainte-Lucie. Quatre navires britanniques seront endommagés, contraignant Hood à battre en retraite. De Grasse les poursuit mais constatant que son convoi a rallié le port sans trop de dommages, abandonne la chasse.

1-0 puis 2-0 !

C’est le même amiral de Grasse qui, le 5 septembre, à la tête de sa flotte, remportera la bataille décisive de Chasepeake, permettant l’arrivée de renforts dont l’Amérique avait besoin. France : 2 ; Angleterre : 0 !   

Les conseils d’Exotismes

Découvrir la baie des Flamands (où s’abrite Fort-de-France) en bateau. 
La baie peut être traversée en empruntant les navettes maritimes qui relient la capitale martiniquaise à la commune des Trois-Îlets.

Ile Maurice, 1810 : les marins de Napoléon battent la Royal Navy !

Autre mer, autre victoire. En 1810, la bataille fait rage dans l’océan Indien entre Français et Britanniques. Côté anglais, le contrôle des îles est vital pour assurer la sécurité des routes commerciales vers leurs comptoirs asiatiques. Problème : les Français sont maîtres à la Réunion (alors île Bourbon) et à Maurice (Isle de France).

Les cipayes, soldats indiens 
En 1809, les Anglais passent à l’offensive et prennent l’île Rodrigues. En juillet 1810, l’Angleterre débarque des milliers d’hommes à la Réunion et s’empare de l’île avec l’aide de soldats indiens (les cipayes). Reste l’Île Maurice. En août, les Britanniques décident d’investir sa côte est, moins protégée qu’à l’ouest. Ils attaquent à Vieux Grand Port et s’emparent d’un îlot (La Passe). Des bateaux anglais mouillent dans la baie voisine de Mahébourg.

Ruse anglaise…

C’est dans ce contexte que se présente, le 20 août, une flottille française commandée par Guy-Victor Duperré. Elle revient des Comores et croit l’Isle de France entièrement aux mains des soldats napoléoniens. Malins, les Anglais ont laissé flotter le drapeau français sur l’îlot de la Passe... Les vaisseaux français s’engagent dans la baie entre l’îlot et Vieux Grand Port, pris au piège…

… mais expérience française

La bataille commence mais les marins français, présents à Maurice depuis longtemps, connaissent mieux les dangers de la navigation locale. Des boulets rompent les chaines d’ancre des navires anglais, qui s’échouent sur les coraux. La supériorité numérique britannique ne résiste pas à cet avantage. Les frégates françaises prennent le dessus et, huit jours plus tard, les soldats anglais restés sur l’îlot se rendent

Une bataille gagnée, pas la guerre

Bilan : quatre navires anglais coulés ou capturés ; 1 600 soldats faits prisonniers. Victoire éclatante – la plus grande de la marine napoléonienne contre la navy anglaise ! - mais de courte durée : en novembre, 70 navires anglais se présentent sur les côtes mauriciennes et débarquent leurs troupes. La France capitule. Fin d’un siècle de domination française à Maurice… et début d’un siècle et demi de souveraineté anglaise, jusqu’à l’indépendance de l’île, en 1968.

Les conseils d’Exotismes
• Visiter le musée naval de Mahébourg. 
Dans une ancienne maison coloniale, il abrite maquettes de bateaux, canons et autres souvenirs de la présence navale française et anglaise à Maurice.
• Explorer les épaves des navires coulés lors de la bataille 
En plongée, il est possible de découvrir les restes des navires Stella Maru, Silver Star et Sirius.

Et Paul et Virginie, alors ?

Publié en 1788, le roman de Bernardin de Saint-Pierre révèle les charmes de l’Île Maurice… et l’histoire d’amour tragique de deux enfants élevés sous les tropiques. Tragique car le destin idyllique promis aux deux se fracasse sur les rivages de l’île, lorsque le bateau qui ramène Virginie à Maurice depuis la France s’échoue et emporte la belle dans les flots, laissant Paul inconsolable… Bernardin de Saint-Pierre s’est inspiré du naufrage réel du Saint-Géran, navire de la Compagnie des Indes Orientales échoué en 1744 à l’île d’Ambre, au nord-est de l’île Maurice.

Polynésie, les révoltés du Bounty

Quelle histoire ! Où comment l’expédition pacifique d’un navire anglais aux antipodes tourna au drame humain et à la légende maritime. Tout commence avec un besoin alimentaire… Devenus indépendants depuis 1783, les Etats-Unis d’Amérique ne fournissent plus en denrées les îles anglaises des Caraïbes. Et l’Angleterre a besoin de nourrir ses esclaves… Mission est donc confiée en 1787 au lieutenant Bligh de voguer depuis l’Angleterre vers la Polynésie pour rapporter et acclimater aux Antilles des plants d’arbre à pain dont les Tahitiens se nourrissent abondamment.

Octobre 1788, arrivée à Tahiti

A bord du HMS Bounty, un petit trois-mâts, Bligh et 46 marins quittent l’Angleterre en décembre. Après un voyage éprouvant de 10 mois via le Cap de Bonne-Espérance et la Tasmanie, le Bounty accoste en octobre 1788 dans la baie de Matavai, au nord de Tahiti. Des tensions sont déjà apparues à bord, exacerbées par le caractère intransigeant de Bligh. Mais les cinq mois d’escale à Tahiti, durant lesquels les marins récoltent des plants d’arbre à pain, sont une aubaine pour ces navigateurs qui profitent de la douceur des vahinés… 

Mutinerie à bord !

La suite sera plus rude. En avril 1789, le Bounty reprend la mer, chargé de milliers de plants. Finie la belle vie, place aux rigueurs de la navigation… et aux colères de Bligh. Son second, Fletcher Christian, devient son souffre-douleur. Quand il est accusé à tort du vol de noix de cocos, c’en est trop : Fletcher se révolte et avec l’aide d’autres mutins, s’empare du bateau, envoyant voguer sur une chaloupe Bligh et ses affidés.

Réfugiés à Tubuai, sur les Australes…

Le reste appartient à la légende… A bord de leur rafiot, Bligh et ses fidèles naviguent sur près de 7 000 km (!) jusqu’à Timor, en Indonésie. Un exploit. Le capitaine rentre en Angleterre, sain et sauf. Jugé en cour martiale pour la perte du Bounty, il sera acquitté. Il reprendra la mer en 1792 pour une autre expédition. De leur côté, les mutins fuient vers l’île de Tubuai, dans les Australes polynésiennes. Au cours d’allers-retours vers Tahiti pour s’approvisionner, 16 marins restent sur l’île. La majorité sera capturée par un navire anglais parti sur leur trace en 1791. Jugés au retour en Angleterre, six sont condamnés à mort et trois exécutés en 1792 – les trois autres sont graciés.

… puis à Pitcairn

Et les derniers mutins ? Fletcher et ses huit ultimes compères, accompagnés de Polynésien(nes)s enrôlés de force à Tahiti, ont bâti le fort George à Tubuai. Mais les relations avec les îliens locaux sont hostiles. Fletcher décide de mettre le cap sur Pitcairn, une île encore plus isolée. Lui et son équipage y arrivent en janvier 1790, brûlent le Bounty et fondent sur place une sorte de communauté. Des enfants naissent. Mais en 1793 la situation dégénère : après un conflit, Fletcher et quatre mutins sont tués par des Tahitiens. Ne restera plus, une poignée d’années plus tard, que John Adams. Avec les femmes tahitiennes survivantes, le dernier révolté du Bounty s’occupera de l’éducation des enfants. Amnistié par l’Angleterre en 1825, Adams meurt quatre ans plus tard. Sa tombe à Pitcairn rappelle l’épopée mémorable du navire rebelle.

Les conseils d’Exotismes
• Découvrir la stèle érigée à la pointe Vénus, à Tahiti
A la pointe nord de l’île, près de la baie de Matavai, elle rappelle l’arrivée du Bounty en octobre 1788.
• Relire les romans et revoir les films cultes dédiés à l’épopée
« Les Révoltés de la Bounty », Jules Verne, 1879. « L’île », de Robert Merle.
A l’écran : « Les Révoltés du Bounty », 1962, avec Marlon Brando (c’est lors du tournage que Brando tomba amoureux d’une Polynésienne, prélude à son installation à Tetiaora) ; « Bounty », 1984, avec Mel Gibson et Anthony Hopkins.

Dernière mise à jour : 02/03/2022

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