Bienvenue sur l'Ile ... Mauritia

Les prestataires de loisirs marins peuvent rêver. Sous l’île Maurice, des chercheurs ont confirmé la présence d’un continent englouti, vestige de l’ancien Gondwana, quand Afrique et Inde ne faisaient qu’un. Et si ce monde perdu profitait au tourisme ?

Un continent sous l'île Maurice

C’est une étude très sérieuse parue en janvier dans la revue Nature Communications. Une équipe de scientifiques internationaux menée par le professeur Lewis D. Ashwal, chercheur à la Wits University's School of Geosciences (Johannesburg), a rendu public un travail qui accrédite la thèse de la présence d’un supercontinent d’au moins 200 millions d’années… sous l’île Maurice, aussitôt nommé Mauritia.

Petit rappel pour les « Nuls » : Maurice, ses mornes et ses pitons, n’est constituée que de roches volcaniques, formées par des éruptions sous-marines il y a « seulement » 9 millions d’années. Sauf que l’équipe de professeurs Tournesol a plongé. En prélevant sous l’eau des fragments de roches, elle a découvert que celles-ci contenaient des cristaux de zircon, un minéral démontrant l’existence d’un substrat très ancien. Cela « prouve qu’il existe des roches bien plus âgées sous Maurice, et qui ne peuvent provenir que d’un continent », affirme Lewis D. Ashwal.

Revival Gondwana

Rappelons aussi qu’il y a plus de 200 millions d’années, l’Afrique et l’Inde ne faisaient qu’un. En se disloquant sous l’effet de la tectonique des plaques, une partie de ce méga-continent, le Gondwana, a migré vers l’est. L’inde s’est arrimée à l’Eurasie, l’Australie est partie vivre son célibat d’île-continent et, entre les deux, des fragments de Gondwana sont restés plantés au milieu du gué : Madagascar, mais aussi des terres immergées sur lesquelles ont poussé Maurice et peut-être les îles Laquedives.

Cette idée d’un sous-continent enfoui n’est pas nouvelle. Elle confirme des résultats fournis lors d’une précédente étude publiée en 2013 dans la revue Nature Geoscience. Des cristaux de zircons avaient déjà été identifiés dans le sable d’une plage mauricienne mais des chercheurs chagrins – ou polémistes ? - avaient émis l’idée qu’ils auraient pu être transportés par le vent…

Bathyscaphe et cœlacanthe…

La découverte confirmée, on se prend à rêver d’un futur touristique inédit. Et si l’on mettait la main dans ces tréfonds sur un poisson préhistorique ? Des prestataires de pêche sportive s’empresseraient alors de le recommander à leurs clients. Finie la traque au marlin bleu ou noir, place à la chasse au cœlacanthe mauricien !

Et si l’on demandait à Bertrand Piccard, l’aéronaute suisse, de ressusciter le bathyscaphe de son père, histoire d’inviter les touristes à explorer ces bas-fonds mystérieux ? Peut-être finiraient-ils par apercevoir une tribu africaine amphibie, rescapée par miracle de ce Gondwana inondé ?

Des hôtels sous-marins ?

On imagine aussi les designers des chaines Beachcomber, Riu, Constance, Lux, Shangri-La’s… planchant sur des concepts d’hôtels sous-marins. C’est à qui aurait l’idée la plus géniale, accès par ascenseur aquatique, chambres « troglos » avec vue – 1 000 m, repas servis par des serveurs-plongeurs… Mais peut-être suffira t-il de creuser plus profond le célèbre… Trou aux Biches, pour accéder sans effort à ce continent perdu ?

Il y a en tout cas à Maurice une communauté qui applaudit à cette annonce scientifique : ce sont les îliens d’origine indienne. Avec le zircon, ils ont la preuve irréfutable de l’existence de Kumari Kandam. Kuma quoi… ? Kumari Kandam, oui, du nom d’un continent légendaire englouti dont serait originaire le peuple tamoul. Selon le mythe, le sud de l’Inde, Sri Lanka mais aussi la frange occidentale de l’Australie et Madagascar seraient des terres rescapées de ce continent disparu. Maurice également ? Avouons que tout ceci nous laisse un peu… zirconspects.

Dernière mise à jour : 02/10/2018