Fêtes plurielles dans l’Océan Indien

→ Les tropiques ont le don de la fête. En janvier, février et mars, les carnavals expriment ce caractère inné avec la plus grande exubérance. Pour les touristes en séjour sur les îles à cette époque, c’est l’occasion unique de s’immerger dans la culture locale.

Carnavals 3/4

Une ambiance singulière

Atmosphère particulière en ce début d’année sur l’île tropicale, où aux carnavals distractifs à l’affiche dans d’autres destinations se substituent ici des fêtes religieuses communautaires. Hindous et Chinois en sont les animateurs, tandis que les commémorations de l’abolition de l’esclavage et de l’indépendance donnent lieu à des événements grand public. Ambiance !

Ames sensibles s’abstenir. Le 31 janvier, c’est jour de liesse pour la communauté hindoue. Elle célèbre Thaipoosam Cavadee, fête en l’honneur de la déesse Parvati et du Dieu Muruga, qui ont terrassé le démon du mal Soorapadman.

Enfin, jour de liesse… c’est parler un peu vite. Car lors de cette dernière journée de janvier, après dix jours de jeûne et d’abstinence, certains Hindous font pénitence pour remercier leurs dieux jusqu’à s’infliger des supplices corporels à peine imaginables. Joues ou langues percées d’aiguilles ou de lames fines, bras piqués d’épingles, poitrines et dos crochetés avec des broches… la souffrance a pour but de purifier l’âme et de l’élever au plus près des divinités.

Des traditions éprouvantes

Cette tradition tamoule se déroule dans tous les temples de l’île. Et Dieu sait s’ils sont nombreux à Maurice, vue l’importance de la communauté d’origine indienne. Après s’être purifiés avec de l’eau, les fidèles partent en procession lente vers le temple en portant sur la tête et les épaules des cavadee. Ces plateaux en bois décorés de fleurs fraîches symbolisent les montagnes sacrées. Ils contiennent une représentation du Dieu Muraga et des jarres à lait destinées aux divinités.

Le poids des plateaux, ajouté à la chaleur, à la musique, à la danse et à la douleur ressentie par les fidèles suppliciés – certains arrivent à entrer en transe - ajoute une dramaturgie à la procession qui n’est pas à mettre entre tous les yeux. Ames sensibles s’abstenir, disions-nous !

Thaipoosam Cavadee est une fête originaire du sud de l’Inde (Tamil Nadu, Kerala…) et c’est probablement la plus impressionnante du calendrier mauricien. Une fois arrivés dans les temples où flotte un drapeau hissé dès le début du jeûne, certains sont épuisés et en larmes. Les fidèles, purifiés, livrent alors leurs offrandes à Muraga et peuvent enfin ôter leurs accessoires sacrificiels. La mise en berne du drapeau signe la fin de cette cérémonie qui fascine toujours les touristes occidentaux par son étrangeté.

La commémoration d'un passé révolu

Après tant d’émotions, une pause plus tranquille mais non moins symbolique s’impose. Le 1er février, jour férié, Maurice fête l’abolition de l’esclavage. Après avoir adopté en 1833 le Slavery Abolition Act, les Britanniques, alors puissance dominante de l’île, abolissent l’esclavage en 1835. Pour célébrer cet événement, de nombreux concerts, spectacles et manifestations commémoratives sont organisés dans l’île. Ils sont très suivis par la communauté créole.

Pour cette commémoration, rendez-vous ainsi au village du Morne, un lieu chargé de symboles puisqu’il fut le refuge de nombreux esclaves en fuite – les "nègres marrons". Le site est d’ailleurs classé au patrimoine mondial de l’Unesco en mémoire de l’esclavage sur l’île. Des dépôts de gerbe ont lieu également au monument des esclaves à Mahébourg, à Pointe-Canon, au sud de l’île. A Port-Louis, capitale mauricienne, un rassemblement est organisé au Jardin de la Compagnie. Rappelons qu’à la fin de la traite négrière, l’ancienne colonie britannique comptait encore près de 70 000 esclaves…

Une influence hindu omniprésente

Retour dans la réalité hindoue le 13 février, avec Maha Shivaratree. Durant trois jours et trois nuits, les fidèles honorent leur dieu Shiva et convergent par un spectaculaire pèlerinage vers le lac sacré du Grand Bassin, au sud de l’île. Vêtus de blanc, plus de 500 000 pèlerins portent des structures de bambous et de papiers décorées de fleurs - les Kanwa. Ils affluent vers le plan d’eau, un lac volcanique naturel autour duquel se dressent de nombreux temples colorés.

Bains dans le lac, offrandes (noix de coco, fruits tropicaux)… Grand Bassin se transforme en un petit Gange et, à la nuit tombée, les Hindous entament des chants et des danses. Un spectacle inédit !

La fête ne s'arrête jamais

Changement de décor avec les festivités de la diaspora d’origine asiatique. Vous l’avez compris, c’est le Nouvel An chinois, appelé aussi Fête du Printemps. En 2022, l’année du Bœuf ou Buffle commence le 01 février. Comme d’habitude, c’est sous le son des pétards censés chasser les mauvais esprits que la population entame le show. A Port-Louis et dans les autres villes, les familles chinoises dégustent des plats typiques, s’échangent des cadeaux, invoquent la prospérité de la famille… Et offrent aux parents et aux amis le traditionnel gâteau de cire.

En partenariat avec l’ambassade de la République populaire de Chine, le ministère des Arts et de la Culture présente des artistes venus de Chine, danseurs ou spécialistes du cirque. Les festivités durent quinze jours – jusqu'au 15 février en 2022 -, entre la nouvelle Lune et la première pleine Lune, date qui correspond à… la Fête des Lanternes.

Voilà encore une occasion de vibrer. Cette fête clôture les agapes du Nouvel An chinois et célèbre le Dieu Tai Yi, investi du destin de l’humanité – rien que ça. Pour en profiter, direction Port-Louis ou les Plaines Wilhems, pour assister aux défilés costumés et aux danses des dragons.

Entre temps, ceux qui ont la chance de faire un saut de puce à l’île Rodrigues – un bijou de nature tropicale inviolée, éloignée tout de même de Maurice de près de 600 km – pourront, le 1er mars, assister à la Fête du Poisson. Ce jour là, spectacles culturels, expositions et stands culinaires, à Port-Mathurin et ailleurs, célèbrent l’ouverture de la pêche au filet.

Allez, encore un effort pour les vacanciers en longs-séjours ! Le 12 mars est le jour anniversaire de l’indépendance. Une date fériée particulière en 2018 puisqu’il s’agit des 50 ans de l’indépendance de l’île. Les drapeaux nationaux flottent à tout vent et les villages se rassemblent, une nouvelle fois, pour des fêtes colorées. De quoi rentrer épuisé en France, un alibi tout trouvé pour repartir à Maurice… et s’y reposer.

Dernière mise à jour : 11/02/2022