Sainte-Lucie, le charme franco-british des Antilles

Cette île en forme de menhir située au sud de la Martinique, anglophone, offre avec générosité les attributs habituellement associés aux îles caraïbes. Pour ceux qui ne connaissent que les Antilles françaises, elle possède en plus deux atouts maîtres : les Friday Nights et le site des Pitons, classé à l’UNESCO.

Autant le dire sans ambages, impossible d’évoquer Sainte-Lucie sans parler d’emblée des iconiques Friday Nights. C’est l’incarnation de l’âme festive de cette île caraïbe, un rendez-vous inscrit dans son ADN ! Depuis des lustres, quelques villages revêtent chaque vendredi soir un costume de scène en dressant dans leur rue principale des tables et des chaises afin de partager avec force plats et alcools locaux un moment de convivialité entre habitants et touristes.

Deux communes en particulier, sur cette île de 180 000 habitants, ont fait des Friday Nights leur marque de fabrique : Anse La Raye et Gros Ilet. Toutes deux sont situées côte ouest, sur la mer Caraïbe. Une autre, Dennery, sur la côte Atlantique, a choisi le samedi pour organiser son… Saturday Night Fish Fry. Bref, aller à Sainte-Lucie sans participer à un Friday (ou Saturday) Night serait comme aller en Egypte sans visiter les pyramides ! Dans ces soirées à l’ambiance de feu, où se mélangent les odeurs d’épices caribéennes et indiennes face aux matrones s’activant aux fourneaux, on y croise même… des Martiniquais venus en voisins. 

Le Friday Night de Gros Ilet est si réputé que certains habitants de Martinique n’hésitent pas à prendre la mer depuis Le Diamant, Trois-Rivières ou Sainte-Anne pour aller bambocher jusqu’à l’aube avec les Saint-Luciens. Car le repas terminé, la rue se transforme en général en dance floor, animé par des DJ’s locaux. Le samedi, on l’aura compris, est souvent consacré à la récupération sur le bateau retour…

Il y a encore mieux. Au sud-ouest de l’île, près du village de Soufrière, le littoral est bordé de deux exceptionnels sommets, Gros Piton (770 mètres) et Petit Piton (743 mètres). Formé de roche volcanique, le site, époustouflant, lui a valu d’être classé au Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Depuis le jardin Tet Paul, la vue plongeante sur les deux pitons est formidable. On peut accéder à pied au sommet du Gros Piton : la montée est éprouvante sous la chaleur des tropiques, mais la récompense quand on arrive au sommet fait vite oublier les difficultés du sentier.

Après les Friday Nights et la nature, l’Histoire est le troisième point fort de la destination. Depuis l’arrivée des Européens en 1550, l’île fut disputée… 14 fois entre Français et Anglais ! Finalement cédée à ces derniers en 1814, Sainte-Lucie roule à gauche mais les locaux parlent tous kweole, un dialecte intégrant de nombreux mots de français. Et si l’anglais est la langue officielle, la majorité des noms de villages s’écrivent dans la langue de Molière (Vieux-Fort, Choiseul, Micoud, Laborie…). 

Castries, la capitale, petite bourgade alanguie sur la côte nord-ouest, doit ainsi son nom au marquis de Castries, ministre de la Marine et des colonies de Louis XVI. Sa statue parade dans les King George V Gardens. Devenue indépendante en 1979, Sainte-Lucie appartient toujours au Commonwealth britannique. 

Le dépaysement culturel est aussi assuré dans cette destination qui a conservé les signes tangibles des « Caraïbes d’antan ». On s’en rendra compte dans les villages aux maisons en bois, la plupart sommaires et peintes de couleurs vives – le village de Soufrière en est la meilleure illustration. On l’éprouvera aussi en découvrant les anciennes plantations coloniales et le marché de Castries, très « terroir ». La population est le plus souvent affable, bien qu’un peu réservée.