Réunion et Maurice, 500 ans d’Histoire

Séparés de seulement 230 km, le destin des deux îles de l’Océan Indien a été fatalement lié. Repérées par les Arabes et les Portugais, colonisées par les Hollandais, les Français ou les Anglais à partir du 17ᵉ s, l’une et l’autre ont prospéré grâce aux plantations agricoles avant de devenir des destinations touristiques.

Dina Morgabin, Santa Apollonia, Mascareignes, Île Bourbon, Île Bonaparte, Île de la Réunion. Les noms successifs donnés à l’île française de l’Océan Indien disent assez les sollicitations dont elle a fait l’objet depuis des siècles. Alors que les Caraïbes et l’Amérique du Sud ont été découvertes par de grands explorateurs européens partis sur la piste… des Indes, La Réunion a d’abord été repérée par des marins de la région puis fréquentée par les premiers navigateurs du Vieux-Continent ayant franchi le cap de Bonne-Espérance. 

Dina Morgabin, « l’Île de l’Ouest »

On prête aux Arabes d’avoir été les premiers à mettre le pied sur l’île. Au 15ᵉ s., ou même avant, ils sont tombés sur cette terre déserte, montagneuse et forestière, en naviguant dans l’Océan Indien. Ils lui auraient donné le nom de Dina Morgabin, « l’Île de l’ouest », en opposition avec Maurice, Dina Arobi, « l’Île de l’est ». Cela apparait clairement dans la première carte connue de La Réunion, publiée en 1502 par le cartographe italien Alberto Cantino.  

Les trois Mascareignes

bateau maurice

Dès le début du 16ᵉ s., les Portugais naviguent dans le secteur et la rebaptisent Santa Apollonia. En 1513, l’explorateur portugais Pedro de Mascarenhas, alors en mer du côté de la pointe de l’Afrique, doit rallier l’Inde au plus vite pour mettre un terme à un soulèvement populaire à Goa qui menace les intérêts des colons. Plutôt que de caboter le long des côtes africaines comme cela se faisait jusque-là, il « coupe droit » et baptise Mascareignes les trois îles qu’il frôle sur sa route : la Réunion, Maurice et Rodrigues.

Premier français en 1638

Inhabitée encore durant de longues années, l’île sert seulement d’escale sur la route des Indes aux navires portugais, néerlandais et anglais, qui s’approvisionnent en eau et en gibier. Le premier français à poser le pied sur l’île s’appelle Salomon Goubert. Il y arrive en 1638, au nom du roi Louis XIII, avec deux bateaux partis de Dieppe. C’est un 29 juin, jour de la Saint-Paul. Il nomme ainsi la côte où il accoste. Le site de la Grotte des Premiers Français (dite aussi Grotte du Peuplement) se visite encore, près de la ville éponyme. Jardin, allées et passerelles retracent l’histoire du lieu.

Isle de Bourbon en 1649

Une seconde prise de La Réunion par les Français a lieu en 1642, menée par le commandant de Fort Dauphin, à Madagascar. Les premiers habitants, eux, ne s’installent qu’en 1646. Il s’agit d’une dizaine de personnes, exilées de force depuis Madagascar. Quand en 1649 Etienne de Flacourt, nouveau commandant de Fort-Dauphin, les fait rapatrier et constate leur excellent état de forme, il décide que l’île est bonne à coloniser. La même année, il renouvelle la prise officielle de l’île, au lieu-dit… La Possession (près de Saint-Denis) et l'a nommé Isle de Bourbon, en hommage à la dynastie royale française.

1664, comptoir de la Compagnie des Indes

Il faudra attendre 1654 puis 1663 pour que des groupes s’installent à demeure sur l’île. Créée par Colbert en 1664, la Compagnie des Indes Orientales ouvre un comptoir la même année. La colonie se peuple de Malgaches et d’Européens, entrainant le début du métissage. Les premiers défrichements forestiers commencent. L’heure n’est pourtant pas encore à l’exploitation intensive. L’île végète ainsi jusqu’au début du 18ᵉ s., période choisie pour y introduire la culture du café.

Essor à partir de 1735

view maurice

Lorsqu’en 1735, Mahé de la Bourdonnais est nommé gouverneur des îles de l’Océan Indien (La Réunion, Maurice et les Seychelles), la destination va connaitre un rapide essor. L’esclavage en est hélas le levier, l’importation forcée de main d’œuvre malgache et africaine allant bon train. Routes, entrepôts, agriculture (le café, mais aussi les girofliers, les muscadiers et l’exploitation du bois), administration… : la bourgeoisie blanche venue de Madagascar ou de France s’accapare les richesses. Saint-Denis devient la capitale. Après la Révolution, l’île prend le nom de Réunion en 1794, en référence à la « réunion des Etats Généraux ».

Île de Bonaparte après la Révolution !

Mais neuf ans plus tard, en 1803, sous le Consulat, elle est renommée Île de Bonaparte. Les guerres napoléoniennes vont lui faire vivre ensuite un intermède anglais lorsque ces derniers, en 1810, s’emparent de Saint-Denis. En 1814, le Traité de Paris restitue l’île à la France qui retrouve son nom de… Bourbon. Le nom définitif de Réunion ne sera repris qu’en 1848. Fin des aléas patronymiques de la destination...

Café… puis canne à sucre

réunion

Entretemps, l’île a délaissé le café, remplacé par la culture de la canne à sucre (et de la vanille), qui va lui donner son identité. 1848 signe aussi la fin de l’esclavage à la Réunion, libérant plus de 60 000 esclaves. La main d’œuvre, toujours nécessaire pour la canne à sucre, viendra désormais d’Inde et un peu de Chine. Un siècle plus tard, en 1945, l’île deviendra département français d’outre-mer avant d’obtenir le statut de région en 1982. 

Maurice, « Ilha do Cirne »…

On l’aura compris, le destin de la Réunion a été assez lié à celui de Maurice, proximité géographique oblige. Elle aussi aurait été visitée par les Arabes, dès le Moyen Âge. Mais on attribue à un marin portugais, Fernandez Pereira, la découverte « officielle » de l’île, vers 1511. Les premières cartes portugaises la nomment Ilha do Cirne, « l’île du cygne », peut-être en référence au dodo, ce volatil qui peuple alors Maurice. Comme pour la Réunion, les marins ne font alors que passer dans leur périple vers les Indes. À la toute fin du 16ᵉ s., des Hollandais débarquent à Grand-Port, au sud-est de l’île et la nomment Mauritius, en l’honneur de Maurice Van Nassau, alors prince de Hollande. 

… et île française de 1715 à 1814

Mais comme à La Réunion, il faut attendre 1638 pour que les Hollandais décident de coloniser réellement l’île. Les tentatives, infructueuses malgré la culture de la canne à sucre, aboutissent en 1710 à leur départ définitif. Les Français prennent alors le relais, dès 1715. Quand le capitaine de vaisseau Dufresne d’Arsel y débarque, il renomme Mauritius, « Isle de France ». Occupée dès 1721, l’île va alors connaître, comme La Réunion, un boom économique inédit, sous l’impulsion de Mahé de la Bourdonnais. 

Traité de Paris de 1814

réunion 3

Port-Louis devient un port important. La Compagnie des Indes Orientales y prospère. La canne à sucre fait enfin la richesse de l’île. Mais pendant les guerres napoléoniennes, au début du 19ᵉ s., l’île devient une base pour les corsaires qui attaquent les navires marchands anglais croisant dans la région. Ces derniers se rebiffent et en 1810, une expédition anglaise bat la marine française et met fin à sa domination sur l’île. Le fameux Traité de Paris de 1814 rend Maurice (ainsi que les Seychelles et Rodrigues) aux Anglais, qui reprend son nom de Mauritius.

Indépendance en 1968

L’administration britannique se met en place, tout en conservant la langue et les noms français. En 1835, 13 ans avant la Réunion, les Anglais mettent fin à l’esclavage. Les planteurs font alors venir d’Inde, eux aussi, la main d’œuvre dont ils ont besoin. Cette population va grandement contribuer à fonder l’identité multiculturelle de l’île Maurice, toujours présente aujourd’hui. Exporté en Angleterre, le sucre enrichit les propriétaires terriens. Au fil des évolutions constitutionnelles et législatives, l’île se dirige vers l’indépendance. Celle-ci est acquise le 12 mars 1968 et l’île devient république 24 ans plus tard, en 1992. La route est dès lors ouverte pour l’industrie touristique. 

Dernière mise à jour : 19/06/2023

Retour blog



SNAV / APS /IATA / HISCOX / Banque Populaire / Cartes bleue VISA MasterCard / ANCV Chèques vacances

CONTACTS

information@exotismes.com

+33 4 96 13 96 13

0 826 10 62 63 (0,20€/min)


Rejoignez-nous