Canne à Sucre, Rhum & Café, Filière d'Excellence !

Ile agricole, la Martinique sait que ses petits volumes de production l’obligent à viser la qualité. Elle s’y emploie avec la canne, base des rhums AOC, parmi les plus appréciés au monde. Et avec le café, dont la variété Arabica typica est relancée. Une dizaine de sites éclaire sur l’histoire de ces produits locaux de rang supérieur.

Canne à Sucre Plante Maîtresse

Impossible de la manquer. Du bord de mer aux collines, la canne à sucre habille le paysage martiniquais. Au sud, au nord, au centre, 200 planteurs de canne surveillent la croissance et moissonnent, de janvier à juillet, cette « herbe » haute à l’origine du système esclavagiste en Martinique – celui des habitations sucrières.

Une seule unité sucrière

Parmi les 210 000 t de canne produites chaque année sur environ 4 000 ha, « 20% part à l’usine sucrière du Galion », éclaire Justin Céraline, président de la SICA Canne Union, le syndicat des planteurs. Située à La Trinité, sur la côte atlantique, c’est la dernière unité de production sucrière de Martinique. La canne y est transformée en sucre mais le résidu du broyage, la bagasse, est aussi distillé pour produire un rhum dit industriel. Les voyageurs en vadrouille sur la côte Est peuvent visiter l’usine et la distillerie en période de récolte, sur réservation.

80% de la production pour le rhum

Les 80% restant de canne sont dirigés vers les huit distilleries de rhum AOC de l’île (voir ci-dessous). Elle y est broyée pour extraire un jus, qui, distillé, produit un rhum blanc ou brun, selon qu’il est vieilli ou pas.

Des premiers planteurs bios…

Limités dans l’usage de produits phytosanitaires, les planteurs de canne se tournent vers des techniques culturales plus respectueuses de l’environnement. « Les perspectives s’orientent vers la mécanisation de la lutte contre les mauvaises herbes et l’augmentation des rendements. Nous avons aussi des planteurs qui choisissent le bio. Quatre ont déjà franchi le pas et alimentent une petite production de rhum bio », détaille Erick Eugénie, directeur de la SICA Canne Union. 

La Maison de la Canne à Rivière-Salée

Puissant capteur de carbone, la canne à sucre jouerait aussi un rôle clef dans la lutte contre le réchauffement climatique. Des études sont également menées sur l’usage de produits dérivés : sucres ultimes, biocarburants, panneaux isolants… On est loin des plantations coloniales ! Les touristes intéressés par ce passé iront toutefois visiter La Maison de la Canne, à Trois-Ilets. Ce musée sera traité dans un prochain article de ce blog.

Le Rhum, Nectar AOC

Aux amateurs de rhum, la Martinique est une sorte de terre promise. La raison ? Environ 95% du rhum mondial est d’origine industriel (produit à partir des résidus de canne). Les 4 à 5% restant sont des rhums agricoles, les meilleurs, réalisés à partir du pur jus de canne. Et l’essentiel de cette niche vient de Martinique – on en trouve aussi en Guadeloupe, Haïti, Guyane…

 

Huit distilleries martiniquaises

Pour les puristes, il n’y a pas photo. Les huit distilleries martiniquaises produisent le meilleur rhum du monde ! Quand il est blanc, c’est qu’il n’a pas été vieilli. C’est ce rhum là qu’on utilise de préférence dans le Ti Punch, célèbre boisson où on l’associe à du sucre de canne (ou du sirop de canne) et à un zeste de citron.

 

90% du stock de rhum vieux agricole

Quand il est brun, c’est qu’il a maturé dans des fûts de chêne. 5, 10, 15 ans… dans des tonneaux lui donnent cette saveur et puissance aromatique qui caractérise les rhums martiniquais. « Plus de 90% du stock de rhum vieux agricole dans le monde se trouve en Martinique », rappelle Daniel Baudin, maître de chai des rhums La Mauny et Trois-Rivières. L’homme sait de quoi il parle. Il a été élu en 2019 meilleur master blender de rhum au monde. La récompense de 30 ans d’efforts au service de cet alcool martiniquais.

Typicité et complexité aromatique…

La visite du site de la distillerie Trois-Rivières, au sud de l’île, ouvre aux touristes un univers de connaissance infini. Comme pour le vin, on y apprend que le rhum est une histoire de terroir, d’exposition aux vents, aux embruns et à l’altitude. En clair, selon que la canne à sucre provient de tel ou tel secteur, les rhums n’auront pas la même typicité. Une complexité récompensée depuis 1996 par une AOC. « Il ne faut pas boire du rhum pour oublier mais pour se souvenir, pour les émotions de l’enfance, les balades en bord de mer… », dit Daniel Baudin. Le rhum, une poésie…

Trois-Rivières, Depaz, Neisson, St-James, J.M…

Ouvertes au public, les autres distilleries rappellent des pans entiers de l’histoire martiniquaise. Depaz, au pied de la Montagne Pelée, est l’une des plus anciennes. Le site J.M., à Macouba, à l’extrême nord de la Martinique, propose une visite « du jardin à la bouteille » et Dieu sait si ce jardin est luxuriant. St-James, à Sainte-Marie, dévoile un musée aménagé dans une splendide maison coloniale. Son long bar en bois vintage invite à la dégustation ou à l’achat. Les distilleries de rhum : un passage obligé en Martinique.

→ L’info Exotismes

La filière canne à sucre-rhum génère chaque année autour de 400 M d’€ de revenus pour la Martinique. A comparer aux 580 M d’€ engendrés par le tourisme en 2018.

Le café à la Relance

« Le café martiniquais sert à rester éveillé pour pouvoir boire du rhum martiniquais », nous confiait Justin Céraline, le président de la SICA Canne Union. Tout juste ! Et si en plus ce café est bon, on aurait tort de s’en priver. C’est encore trop tôt pour le dire mais la Martinique et son Parc naturel régional (PNR) travaillent depuis 2015 à relancer une filière caféière d’excellence. Six agriculteurs partenaires se sont lancés dans une opération de replantation de la variété arabica typica.

Marché de niche

Ce plant oublié a été retrouvé chez un ancien agriculteur de 85 ans, à Fonds Saint-Denis, et remis en culture. « Le café a été délaissé au fil du temps au profit de productions plus rentables, comme la canne à sucre et la banane », indique Sonia Hoche-Balustre, directrice du développement durable et de la formation au PNR. Objectif de la relance : « créer un marché de niche et de qualité 100% français. Car la Martinique est une petite île et ne pourra jamais rivaliser avec de gros producteurs comme le Vietnam, le Brésil ou l’Ouganda », précise la responsable.

6,5 ha en 2021 ; 15 ha espérés en 2023

C’est à Morne Rouge et à Fonds-Saint-Denis, au nord de l’île, là où sols, altitude et pluviométrie se prêtent le mieux à sa culture, que se trouvent les six agriculteurs engagés dans la démarche. De 6,5 ha plantés en 2021, l’objectif est d’atteindre 15 ha en 2023. Entre temps, il faudra retrouver les gestes culturaux parfois oubliés et attendre que les plants arrivent à maturité. Sans parler des difficultés à contourner : trouver les bons amendements, désherber délicatement autour des plants, lutter contre la fragilité variétale et les prédateurs… 

« Un rêve de produire du café »

Les premières récoltes ont eu lieu en 2019. En 2020, environ 1 000 kg ont été cueillis. Torréfié, le café est pour l’heure distribué exclusivement par le groupe JDE (propriétaire notamment de la marque Jacques Vabre), associé au projet martiniquais. De leur côté, les caféiculteurs avancent, entre doutes et enthousiasme. « C’était un rêve de pouvoir produire du café. Je me souviens avoir toujours vu mes grands-parents en cultiver », assure ainsi Mathurin Pajoul, dans sa ferme des hauts de Fort-de-France, noyée dans les lambeaux de nuages. 

Au Morne Rouge et à Fonds-Saint-Denis

Même envie chez Sébastien Souraya, 23 ans, au Morne Rouge. « Je voulais diversifier mes cultures et cela me tenait à cœur de relancer cette variété, présente autrefois sur l’île », dit-il. Aux côtés de 26 ha de goyaves cultivés en bio, il soigne 2,5 ha de plants arabica typica. C’est le principal producteur du projet, avec 500 kg récoltés en 2020. Pour les touristes, il faudra attendre encore un peu pour trouver en magasin et dans les hôtels locaux le futur café Premium made in Martinique. 

→ L’info Exotismes

Hormis cette récente filière d’excellence, près de 300 autres agriculteurs produisent du café en Martinique, autour des variétés robusta, bourbon et liberica.

Dernière mise à jour : 10/02/2023

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