Higüey, le sanctuaire des dominicains

Cette ville « anonyme » traversée par la route reliant la capitale à Punta Cana, abrite l’un des monuments les plus étonnants des Caraïbes : la basilique Notre-Dame-de-la-Haute-Grâce. Une immense cathédrale en béton de style Le Corbusier, bâtie dans les années 1950 par deux architectes français. Lieu de dévotion, elle vibre chaque année le 21 janvier lors d’un fameux pèlerinage.

La « Rep Dom » est-elle synonyme d’audace architecturale ? Oui, diront certains pros du tourisme, ébahis par le gigantisme des resorts de Punta Cana et de Bavaro, dont quelques-uns dépassent allégrement les 1 000 chambres. Oui aussi, diront de plus fins connaisseurs du pays, intrigués par cette basilique de béton posée comme un OVNI au centre d’Higuëy.

Cette ville de 170 000 habitants située sur la route entre Santo Domingo et Punta Cana n’est pas, il faut le reconnaitre, la plus attrayante du pays. Carrefour commerçant construit trop vite, de bric et de broc, elle aligne les commerces sans âme et des kilomètres de trafic urbain dense et polluant. Sauf que la cité, un des principaux réservoirs d’employés pour les hôtels de la Côte des Cocotiers, abrite en son cœur cette étonnante « verrue ». Une basilique de béton gris dont l’arche ajourée s’élève à 80 m de haut.

L’histoire de Nuestra Señora de la Altagracia, soit la Vierge Marie – ou plutôt l’image de sa maternité – mélange comme souvent en religion « faits réels » et légendes. On vous l’a fait courte. Selon les uns, c’est ici qu’un père et sa fille se seraient retrouvés un 21 janvier, au 16ème s., après que la seconde ait demandé au premier de lui ramener une image de la Vierge Marie. Par le plus grand des hasards, le père aurait reçu ce jour là d’un inconnu un tableau la représentant en prière devant l’enfant Jésus… Troublé par la coïncidence, il aurait décidé de construire ici un premier sanctuaire. Vous suivez ?

 

Selon d’autres – version plus basique -, c’est à Higüey que l’image de la Vierge Marie serait apparue sur un… oranger, justifiant aux yeux des catholiques la construction en 1572 d’un premier édifice marial. Cette église, San Dionisio, existe toujours, charmante bâtisse coloniale toute blanche posée au bout de la promenade Altagracia, la rue principale qui part de la basilique.

Quoiqu’il en soit, Notre-Dame-de-la-Haute-Grâce est devenue la mère spirituelle du peuple dominicain. C’est la sainte patronne du pays, célébrée notamment le 21 janvier, devenu jour de fête nationale. Mais le culte en son honneur draine tout au long de l’année la foule des pèlerins, comme une sorte de Lourdes dominicain. Raison pour laquelle il fut décidé, dans les années 1950, de construire un sanctuaire religieux à la hauteur de cette dévotion. La petite église du 16ème s. ne suffisait plus depuis longtemps à recevoir les milliers de fidèles.

Après s’être accommodés au début du 20ème s. d’une réplique de la grotte Massabielle de Lourdes (!), puis d’une seconde chapelle en 1924, l’après-guerre va permettre aux dévots d’obtenir enfin un édifice digne de ce nom. Et ce sont deux Français qui ont l’honneur de le construire, André-Jacques Dunoyer de Segonzac et Pierre Dupré. En 1947, ils remportent un concours international d’architecture organisé par le gouvernement dominicain.

Les deux hommes, rattachés au « mouvement moderne » dont Le Corbusier est le protagoniste majeur, visitent le pays en 1948 et posent la première pierre de leur ouvrage un… 21 janvier, en 1952. Higuëy ne compte alors que 10 000 habitants et le projet est sans commune mesure avec la taille de la ville. La construction, en béton armé, fortement influencée par le style « moderniste », se poursuit jusqu’en 1960. L’édifice religieux est utilisé ensuite lors d’événements spéciaux, en attendant la fin des aménagements intérieurs. En 1965, il reçoit son maitre-autel et, en 1968, de splendides vitraux réalisés à Chartres. Quant aux fresques, elles sont signées du muraliste espagnol José Vela Zanetti, réfugié en République Dominicaine durant la guerre civile espagnole. Le… 21 janvier 1971, la basilique est enfin consacrée et déclarée monument national.

La visiter aujourd’hui, c’est d’abord apprécier sa démesure extérieure. Son allure de vaisseau immense dressé vers le ciel. Sa morphologie grise égayée de vitraux à armatures bleues. Son horloge épurée. Sa façade principale aux inscriptions latines inscrites sur fond de mosaïques rouges… Un « temple » impressionnant, dont le carillon compte parmi les plus importants d’Amérique latine. Et aussi un refuge physique, en plus d’être un havre spirituel… Car soumise à un cahier des charges strict lors de l’appel à projets, la basilique a été conçue pour résister aux cyclones. Au point qu’elle est toujours officiellement un lieu de repli pour la population d’Higüey, en cas d’alerte cyclonique.

A l’intérieur, sous les V arrondis et inversés du squelette de la nef, les vitraux colorés diffusent une lumière douce qui invite les croyants au recueillement. Et la hauteur sous voûte crée un sentiment de bien-être. Preuve de la dimension mystique de l’endroit, en 2011, un « phénomène » se produisit dans la chapelle construite en 1924 près de la réplique de la grotte Massabielle. Alors que la statue de la Vierge Marie installée dans une niche avait été enlevée pour restauration, certains croyants affirmèrent y avoir vu sa silhouette. L’apparition se prolongea pendant plusieurs jours… renforçant l’engouement religieux pour le site.

Les touristes en séjour dans les resorts de Punta Cana en janvier peuvent se rendre sans difficulté à Higüey, en louant un véhicule depuis leurs hôtels, voire même en empruntant un bus public. La ville n’est qu’à 40 km de Bavaro. En y allant le 21 janvier, ils doubleront la découverte architecturale peu commune par une immersion inédite dans la ferveur religieuse dominicaine. Ce jour de pèlerinage, des milliers de personnes parmi lesquelles des Haitiens venus en voisins, se pressent dans et autour de la basilique, pour la fête de Nuestra Señora de la Altagracia. Offices religieux, immense procession, danses… une façon originale de découvrir un pan de la culture du pays.

Dernière mise à jour : 08/03/2022

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